Ex Onomachina s’inscrit dans le prolongement de plusieurs réalisations « sonores » de la compagnie Public Chéri, notamment Arto guerrier (1998, textes d’A.Artaud) et de Populiphonia (de R.Hebette) créé en 2001 et édité en 2006 (Editions « l’Espace d’un instant »).
S’il ne peut changer l’ordre des choses, le théâtre peut encore changer l’ordre des mots. Aux langages normés de l’information et de la communication, Ex Onomachina oppose une langue balbutiante, archaïque et sonore qui met le sens en déroute et les sens en éveil. Que peut encore notre théâtre quand se dérobent les fondements rationnels de la langue sur lesquels il repose ? C’est ce questionnement et le désarroi pathétique et comique qu’il induit qui sont ici proposés en partage.
« Etre bilingue, mais dans une seule langue, dans une langue unique… Etre un étranger, mais dans sa propre langue… Bégayer, mais en étant bègue du langage lui-même. » Gilles Deleuze, Superpositions.
Conception, texte, mise en scène Régis Hébette
Collaboration à la mise en scène Olivier Coulon Jablonka
Avec Pascal Bernier, Fabrice Clément, Sylvain Dumont, Majida Ghomari
Conception Régis Hébette
A l’occasion de notre expansion inaugurale, chaque semaine une courte forme est présentée en première partie de soirée : 5 semaines, 5 courtes formes
Interprétées par des amateurs des ateliers de créations, ces 5 Machinations se construisent à partir de textes d’auteurs qui questionnent notre relation usuelle à la langue. Dadas, lettristes, poètes sonores, slameurs… ils appartiennent à une tradition de dynamiteurs de la langue française qui tentent de réinventer notre relation au monde en perturbant notre rapport au langage.
Par les Ateliers de Création, avec des amateurs enfants, jeunes et adultes.
Ex Onomachina durée 1 heure
Machinations durée 15'
Les Formes brèves durée 10 à 20'
Les jeudis 17,24,31 janvier et 7 février
20h30 Ex Onomachina [60']
Les vendredis 18, 25 janvier 1er et 8 février et les samedis 12, 19, 26 janvier 2 et 9 février
20h30 Machinations [15'] suivi de Ex Onomachina [60']
Dimanche 13 janvier
Cérémonie (presque) Protocolaire
11h Cérémonieavec nos camarades d'extension, la cie public chéri, les ateliers de création
et Etienne Pommeret meneur de cérémonie
Prises de paroles ponctuées par des interventions artistiques.
13h Banquet
15h Machinations [15'] suivi de Ex Onomachina [60']
Dimanche 20 Janvier
13h Déjeuner
15h : 3 Formes brèves [10' A 20' chacune] : Stéphane Olry & Didier Petit suivis de Pierre-Yves Chapalain suivis de Hubertus Biermann
16h30 Ex Onomachina [60']
Dimanche 27 Janvier
13h Déjeuner
15h : 3 Formes brèves [10' A 20' chacune] : Etienne Bultingaire suivi de Andrea Sitter suivis de Marie-José Malis
16h30 Ex Onomachina [60']
Dimanche 3 Février
13h Déjeuner
15h : 3 Formes brèves [10' A 20' chacune] : Etienne Pommeret suivi de Lutherie urbaine suivis de Noel Casale
16h30 Ex Onomachina [60']
Dimanche 10 Février
16h30 Ex Onomachina [60']
18h : 3 Formes brèves [10' A 20' chacune] :
Instant Donné
suivi de Cécile Saint-Paul suivi de Alexis Forestier
19h Repas
20h Fête
La relation avec le public est frontale mais sans séparation notable : une même lumière réunit spectateurs et acteurs dans l’espace du théâtre ; les corps et les intentions des actants sont résolument orientés vers la salle. C’est d’une adresse au public qu’il s’agit.
Un panneau en carton est suspendu aux cintres : sorte de paravent, rideau brechtien, placard de vaudeville… Apparition, disparition, montrer, cacher : c’est aussi un retour au b a-ba du théâtre et de son érotique…
Une paire de ciseaux et une scie perceront dans le carton quelques orifices par où apparaîtront : membres, cheveux, visage… Fragments d’un corps féminin empêché qui tente obstinément d’apparaître pour jouer. Sur le reste du plateau, les hommes, eux, manifestement peinent à jouer…
Pas de machinerie ni de technologie, le théâtre est rendu à ses armes et moyens d’origine : quelques matériaux bruts, voire brutaux : morceau de tôle, morceaux de bois serviront à produire une musique percussive primitive et nerveuse qui rappelle les sonorités d’un théâtre ancestral ou d’un théâtre expérimental de la fin du siècle dernier. Ils serviront aussi occasionnellement d’accessoires au jeu.
De costumes il ne sera question, les acteurs iront à la scène comme à la ville. Ils termineront toutefois la représentation passablement dénudés, parce que les corps gagnent toujours en affirmation et en authenticité quand ils sont au moins un peu mis à nu.
Au total, un dispositif scénique ostensiblement pauvre dont on ne saurait dire s’il est le fruit du hasard, de la contrainte ou de la nécessité mais qui place le corps de l’acteur au centre de la représentation et qui fait de l’imagination le véritable moteur de l’acte théâtral.
Le point le plus sensible de la mise en scène concerne le jeu des acteurs et notamment les moments que nous avons qualifiés plus haut de « non-jeu ». Le terme est ambigu et appelle un minimum de précisions. Il ne s’agit aucunement pour nous de singer quelques présences fantomatiques vidées d’affect, ni même d’endosser la panoplie naturaliste de l’acteur qui ne joue pas. Nous cherchons à re-construire, à partir du positionnement interne de l’acteur, une présence débarrassée du trop de volonté à signifier, et à désencombrer le jeu des signes d’affectation qui l’accompagne trop souvent au théâtre.
Le naturel n’existe pas plus que le « non jeu » sur un plateau. Ce qui peut éventuellement exister c’est la décontraction, la simplicité, l’implication intime, la retenue, et de temps à autre, l’oubli de soi. Ce sont eux qui peuvent donner l’illusion du naturel ou du « non jeu » et permettre de recréer des effets de réel au théâtre. Le long travail de répétition que nous effectuerons portera largement sur ce point.
59, avenue du Général de Gaulle 93170 Bagnolet
Voiture : Porte de Bagnolet, à 300 m direction Bagnolet/Montreuil