Sur les murs d’une maison de famille, dans des cadres de bois ornés de rosaires et de crucifix, ricoche le visage souriant d’un fils trop tôt arraché aux siens, jeune pour l’éternité.
Elle existe, cette maison, et ressemble à s’y méprendre à des dizaines de milliers d’autres dans la même région...
Ses volets en bois sont percés de cœurs, ses rideaux et ses nappes brodés rouge et blanc déclinent et inversent à l’infini un même motif.
Sur une commode, la reproduction d’une pietà de Bartholdi, enfant du pays, auteur de la Statue de la Liberté, incarnation du rêve américain...
Comme dans les contes de fées, la maison est située à l’orée d’une forêt, laquelle déploie son ombre sur une terre riche et fertile, mais scarifiée par les guerres, et volontiers sacrifiée par les nations qui l’ont tour à tour revendiquée en opposant le couperet des frontières à son identité multiple, en faisant barrage au flux et au brassage de ses langues, légendes et traditions.
En ses coins et recoins, elle conserve la trace de ses habitants passés, représentants d’une population à laquelle on a souvent fait violence en lui plantant dans le cœur un drapeau aux couleurs changeantes – tantôt françaises, tantôt allemandes.
Cette maison familiale depuis longtemps désertée et soudain réinvestie constitue le décor à la fois fantasmatique et réel, aux contours forcément fluctuants, de Meeting Point. En effet, les paroles de nouveaux arrivants – au nombre de quatre, deux Français et deux Allemandes, appartenant à deux générations – ne sauraient tarder à réveiller la mémoire des murs.
159 avenue Gambetta 75020 Paris