« La pièce emblématique de tous ceux qui espèrent encore ramener le monde à la raison. » Amin Maalouf
Le chef-d’oeuvre des Lumières sur les trois monothéismes, la laïcité, le rapport à l’autre, à sa vérité. Mais aussi un feuilleton romanesque à rebonds, une « folle journée », portée par des personnages à la fois graves et malicieux.
Sans entrer dans le détail des variations que ceux-ci peuvent décliner, trois choix dramaturgiques fondamentaux s’offrent à qui souhaite mettre en scène la pièce. L’inscrire dans le moment de l’action, celui des Croisades, ce fut le choix de mon approche de 1996 dans le temps de son écriture et en faire un conte oriental du XVIIIe, ce fut celui de ma mise en scène de 2004. Dans notre temps présent : ce sera celui de cette troisième mouture. Inscrire Nathan le sage dans un contexte contemporain, c’est souligner l’urgence et la fragilité de son discours, cerné par les replis identitaires, les folies nationalistes et intégristes. Face au chaos actuel, le rêve humaniste de la pièce s’éloigne, se fait chaque jour un peu plus utopie, et prend des allures de Grande illusion.
Le lieu ? Jérusalem. Le moment ? 1187, la troisième Croisade : paysage de peurs, de préjugés, de violences politico-religieuses, triomphe de tous les fanatismes. Le sujet ? La rencontre, sur ce fond de ruines qu’engendrent habituellement ignorance de l’autre et cris de « Dieu le veut ! », de trois hommes, un Musulman (Saladin), un Juif (Nathan) et un Chrétien (un jeune Templier).
En amont de l’action, deux gestes singuliers et déclencheurs : le Templier, prisonnier de Saladin, vient d’obtenir sa grâce, geste mystérieux, insolite. Habituellement, Saladin ne manifeste pas la moindre pitié à l’égard de cet ordre qui tue au nom de Dieu. Et ce Templier lui qui a été élevé dans l’exécration absolue du « peuple déicide » vient à son tour de sauver du feu une jeune juive : deux gestes, pour leurs auteurs mêmes, inexplicables et déstabilisants.
Le père de la jeune fille, Nathan, un riche marchand, de retour d’un long voyage pour affaires, part en quête du jeune homme pour le remercier. D’interrogations en rencontres, de rencontres en crises d’identité, de combats intérieurs entre générosité et préjugés, les certitudes sont bousculées, les sentiments d’appartenance mis à mal. Rebondissements, révélations.
Une « folle journée » : dans Nathan le sage, tout le monde court après tout le monde. Une course métaphorique, conte initiatique qui, les obstacles franchis, va trouver son terme (et son début) dans une rencontre au sommet, au sommet de l’homme, réponse à tous les fous de Dieu, d’hier et d’aujourd’hui.
Ouverture, reconnaissance de l’Autre : pose des premières pierres, fragiles, d’une famille humaine et fraternelle. Religions, vérité de l’autre, laïcité, identités, fraternité... Amin Maalouf dit vrai : aucune autre pièce, d’aucune époque, n’aborde avec une telle évidence les questions auxquelles on ne peut échapper aujourd’hui. Et miracle de ce siècle des Lumières, seul capable d’allier à ce point profondeur et légèreté, celle-ci le fait sous la forme d’une comédie enlevée, bondissante, peuplée de personnages malicieux, joueurs, inclassables.
C’est ainsi, sous l’angle de la comédie, en tout cas, qu’il faut l’aborder. Ne pas tomber dans le piège de la « pièce philosophique » elle l’est, certes, mais délestée de tout message pesant. Lessing, explicitement, souhaite poser des problèmes, mais non pas les résoudre. La beauté des idées s’incarne ici en permanence dans la force des personnages, des situations et des conflits. Jouer l’action, les rebondissements, le romanesque, le côté « feuilleton identitaire ». Tenir le tempo allegro vivace, d’une seule traite. S’appuyer sur le plaisir de jeu des comédiens : dans Nathan le sage, chaque rôle est source de bonheur, aucun n’est secondaire, dans sa fonction comme dans son originalité.
style dépouillé et sans doute un texte respecté et une bonne traduction. Les problématiques socio religieuses sont évacuées par ce texte dont la fin aboutit à un obstacle et un amour sexué impossible entre un frère et une soeur. L'argument du texte est devenu désuet et il faut sans doute situer ce texte dans le contexte de l'époque. Bien pour le respect du texte et la sobriété de lu décor et pour le jeu des acteurs et la mise en scène.
Excellent playdoyer pour plus de tolérance! Bravo pour le metteur en scène et les acteurs
La parabole des 3 anneaux est autant valide pour les relations entre les 3 monothéismes que pour celles au sein de chaque monothéisme dont les extrémistes font souffrir d'abord et surtout leurs propres coreligionnaires modérés.
Pour 3 Notes
style dépouillé et sans doute un texte respecté et une bonne traduction. Les problématiques socio religieuses sont évacuées par ce texte dont la fin aboutit à un obstacle et un amour sexué impossible entre un frère et une soeur. L'argument du texte est devenu désuet et il faut sans doute situer ce texte dans le contexte de l'époque. Bien pour le respect du texte et la sobriété de lu décor et pour le jeu des acteurs et la mise en scène.
Excellent playdoyer pour plus de tolérance! Bravo pour le metteur en scène et les acteurs
La parabole des 3 anneaux est autant valide pour les relations entre les 3 monothéismes que pour celles au sein de chaque monothéisme dont les extrémistes font souffrir d'abord et surtout leurs propres coreligionnaires modérés.
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking : Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.