Le plus intime des drames amoureux de l’opéra français ou l’art du sentiment à l’état pur revisité par Eric Ruf de la Comédie-Française. Opéra chanté en français, surtitré en français.
Opéra chanté en français, surtitré en français.
Debussy assista en compagnie de Mallarmé à l’unique représentation de la pièce de Maeterlinck en 1893. Ce fut un choc pour lui. Il y trouva, dans la prose comme dans cette atmosphère si particulière et nouvelle, l’écho de ses propres interrogations. Depuis longtemps déjà, Debussy cherchait une forme musicale où les personnages chanteraient «naturellement» et non dans une langue constituée à ses yeux de « traditions surannées ». Ici, la «matière littéraire» est indéniablement novatrice pour un ouvrage lyrique, faisant alterner folle sensualité et noire violence. Ce qu’il y a aussi d’incroyablement moderne dans l’ouvrage, c’est une certaine idée du destin, celui que l’on subit et que le compositeur traduit notamment par ces silences éloquents dont l’œuvre est constellée. Mais la langue ne fait pas tout dans cette œuvre à part. L’orchestre y est merveilleux, autant par ses fulgurances que par sa subtilité à accompagner, à souligner, à porter le texte. Au final, l’ouvrage offre de l’humanité un spectacle désolant, d’où sont exclus l’espoir et la rémission. Même l’innocence des amoureux, ne trouve ici grâce. Mais quelle œuvre ! Par sa force et sa modernité, elle est de celles qui ont « frayé un chemin que d’autres pourront suivre » comme le prophétisait son auteur.
Pour servir ce drame poétique, le comédien, metteur en scène, scénographe, et «patron» du Français Eric Ruf s’est attaché à la matière intrinsèquement théâtrale de l’ouvrage. Sa vision nous entraîne ici dans un élégant jeu de la matière et des sens entre réalisme minéral et onirisme aquatique. La partie musicale est confiée cette fois-ci à François-Xavier Roth qui fait à cette occasion, ses début en fosse avenue Montaigne à la tête de son ensemble Les Siècles. Quant au jeune couple, on retrouve Patricia Petibon dans le rôle hors-norme de Mélisande face cette fois-ci au Pelléas de Stanislas de Barbeyrac et au Golaud de Simon Keenlyside.
« Taillé dans un alliage aux reflets changeants, l’Orchestre national de France s’apparente à un mystérieux vaisseau que Louis Langrée va gouverner d’une main souple et inspirée pendant trois heures. La mise en scène d’Eric Ruf ne connaît pas davantage le tâtonnement. (...) Chaque première phrase chantée est d’une beauté naturelle et prenante. » Pierre Gervasoni, Le Monde, 12 mai 2017
Il faisait extrêmement chaud dans le théâtre. Les "parleurs-chanteurs" étaient parfaits, chaque voix décrivait bien le caractère du personnage et La musique donnait un sentiment d'oppression et d'angoisse
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Il faisait extrêmement chaud dans le théâtre. Les "parleurs-chanteurs" étaient parfaits, chaque voix décrivait bien le caractère du personnage et La musique donnait un sentiment d'oppression et d'angoisse
15, avenue Montaigne 75008 Paris