Sous les pavés d’un village, l’horreur est à l’œuvre. Printemps, été, automne, hiver : sur la Place du marché, ce qu’il restait de civilisation cède sa place au cauchemar. Le diable habite la maison du voisin. La bête immonde est loin d’être morte.
Place du marché 76 est une métaphore de ce qui se passe en Europe, affirme Jan Lauwers, auteur et maître d’œuvre d’un spectacle à traverser avec lucidité. Au début, on s’extasie devant la carte postale : voici un village, charmant, et voilà ses habitants, que soudent un drame commun. Un an plus tôt, une explosion de gaz a décimé la population. 24 morts dont 7 enfants y ont laissé leur peau. Mais à l’heure de sa commémoration, la tragédie n’a pas dit son dernier mot. Tandis qu’autour d’une fontaine sans eau et bientôt trempée de sang, les survivants esquissent le fragile tracé d’une solidarité recomposée, des catacombes remontent d’autres vérités.
« Une joyeuse danse macabre. Une des pièces précieuses du Festival d'Avignon. » Libération
« Beau, brillant et on en redemande. » La Provence
« Peint brillamment l'abondante gammes de nuances associées à des personnages effrayants et pathétiques, généreux et touchants, humains après tout. » La Gazette
« Lauwers nous jette sa vision à la tête avec une audace qui fait l'effet d'une bombe à fragmentation et dont on ne sort pas indemne. Le spectacle nous réserve plus d'idées fortes que l'oeuvre complète de bien des artistes. Le propre des grands artistes est de ne pas devoir être économe de leur inspiration. Leur source est intarissable. » De Standaard
Jan Lauwers gratte les cicatrices et fait saigner les plaies. Il orchestre un chaos mortifère dont l’énergie est contagieuse. Musique pop et couleur électrique, chansons live, acteurs survoltés : le plateau est irrésistiblement joyeux quand l’histoire, elle, se révèle monstrueuse. Une paralytique, une noyée, un pendu, un violeur, un inceste, un assassin, des victimes, des lâches, des complices et des bourreaux, les saisons passent et la place pue de plus en plus sous l’effet de son quotidien retourné comme un gant et exposé dans son abjecte monstruosité. C’en est fini de la carte postale, bienvenue en enfer. Il semble avenant, il parait chaleureux, jaune en été, blanc en hiver. Bien tapi dans les silences, il se prélasse à l’ombre de nos aveuglements, se la coule douce dans nos surdités. Ce conte cruel de Jan Lauwers est un cri de Cassandre hurlant sa vigilance devant les démons qui menacent l’Europe.
« Les situations et les personnages sont nombreux dans Place du marché 76 : toute une communauté de villageois, qui doit faire face à des événements malheureux, venus de lʼextérieur comme de lʼintérieur. Quel a été le point de départ de cette nouvelle création de la Needcompany ?
Jʼai commencé à écrire cette pièce alors que jʼétais quelque peu fâché, irrité par lʼétat actuel du monde qui mʼentoure. Je me suis toujours positionné comme un artiste qui observe la société et qui, ensuite, fait part de ses observations et interrogations. À travers Place du marché 76, je voulais parler de cette population que lʼon désigne par lʼexpression «quart-monde», cʼest-à-dire les pauvres, les sans-abris, les illégaux, les réfugiés. Le premier personnage que jʼai imaginé pour cette pièce est un balayeur, en uniforme orange, qui connaît tout le monde au village. Dans nos pays développés, il y a partout des immigrés comme lui qui nettoient nos rues.
Ce personnage mʼa été inspiré par un homme originaire de Mogadiscio en Somalie, que jʼai rencontré sur les trottoirs de Bruxelles. Dans son pays, il était médecin ; ici, il est balayeur. Comment pouvons-nous tolérer une telle situation à une aussi grande échelle, en particulier en Europe ? Mais si cette pièce a, bien entendu, une visée politique, le plus important reste assurément le théâtre. Comment fabriquet- on le théâtre aujourdʼhui ? Comment peut-on, à travers lui, communiquer avec le public sur des thèmes parfois aussi délicats que ceux de Place du marché 76 ? Selon moi, le théâtre est lʼoccasion de tendre un miroir aux spectateurs afin quʼils sʼinterrogent. Ce qui se passe entre les villageois et les étrangers de la pièce illustre un conflit relativement courant, dont les manifestations sont particulièrement préoccupantes aujourdʼhui. » Propos recueillis par Renan Benyamina pour le Festival d'Avignon 2013 © Maarten Vanden Abeele
on y va parce que c'est jan lawers! la question reste entière de savoir si ça valait la peine; disons que c'est un "spectacle" bien fait
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on y va parce que c'est jan lawers! la question reste entière de savoir si ça valait la peine; disons que c'est un "spectacle" bien fait
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