« La littérature vivante, pour moi, pour le moment, c’est Hélène Bessette, personne d’autre en France. » Marguerite Duras, L’Express, 1964
« … Récit haletant. D’une voix moribonde. Souffle court. Mots hachés. Phrases entrecoupées. Avec la langue embarrassée des premiers âges. Je parlerai au souffle bref d’une vie affaiblie diminuée. Voix défaillante. Littérature en pièces. Vie courte. Phrases courtes. Vite achevée la parole. La fiction appartient au lecteur… » Hélène Bessette
Parce qu’elle place la dignité au dessus de la vie, Désira, 30 ans, envisage le suicide comme moyen d’en finir avec la concupiscence des hommes, les préjugés et l’absurdité des conventions sociales.
Non sans jubilation, elle échafaude les scénarios tragicomiques du « crime parfait » dont elle sera à la fois l’auteur et la victime.
Martyre, mais à présent maîtresse du jeu, Désira tient sa revanche contre les épiciers de la petite boutique de la vie et toute cette cohorte de marchands qui « Chacun à sa manière/Ont les yeux fixés/Sur [son] bas ventre ».
Désira désire-t-elle vraiment mourir ? Rien n’est moins sûr : son ironique et implacable réquisitoire sur le seuil du tombeau révèle surtout son aspiration à une vie autre et son entêtement à dire.
Mordante et insoumise, tout autant que Bessette, Désira entend d’abord s’évader dans la langue et « écrire en criant ».
D’après le roman Si d'Hélène Bessette (Editions Léo Scheer).
« Pour cette création, Régis Hébette fait une adaptation brillante pour le théâtre du roman SI d’Hélène Bessette. Il explore la musicalité du langage. Les mots sont livrés bruts par bribes, répétitions, jeux de sons et de sens. » Paula Gomez - ThéâtreActu - 24/11/2015
« Avec Laure Wolf, les mots sont des cris lourds de détresse et d’éclat poétique. En compagnie d’une telle interprète, la « beauté convulsive », que souhaitait André Breton pour toute création, est au rendez-vous. » Gilles Costaz - WebThéâtre - 27/11/2015
« Laure Wolf se tient au plus près de vous. Elle vous ressemble je crois, comme vous avez la littérature chevillée au corps, elle a le théâtre. [...] Chère Hélène, Vous aviez coutume de dire que vous seriez reconnue trente, peut- être cinquante ans après votre mort... Et bien chère Hélène Bessette grâce à Laure Wolf et Régis Hebette, on descendra peut-être à 15... » Véronique Klein - Mediapart - 28/11/2015
Elle semble écrire comme on pense, loin de toute convention : par bribes, sauts, répétitions, pulsions, jeux de sons et de sens… sans soucis apparent de cohérence, de logique, de récit. Elle écrit en réalité dans une grande rigueur.
Dans le Roman Poétique, les mots les plus simples produisent une langue inconnue, libre et inquiétante. Une langue qui envoute et foudroie. Jeu de l’esprit auquel le lecteur doit s’adapter ; sorte d’impressionnisme littéraire, de tachisme, de phonétisme dont le verbe est bien souvent absent. Et la ponctuation tout à fait inédite.
Derrière le travail de sape, de dézingage de la langue, c’est le chant d’une rage étincelante qu’on entend. L’immense appel au Beau, maquillé d’humour noir. Affres et élans, suffocations et variations, Bessette dévoile, dénude, exhibe – impitoyablement – nos passions, la comédie sociale, la lutte des classes et des sexes. L’écriture anguleuse et phonique de Bessette appelle l’oralité ; « Hors et loin de l’imbroglio infâme du réel », elle convoque le théâtre.
Régis Hebette
59, avenue du Général de Gaulle 93170 Bagnolet
Voiture : Porte de Bagnolet, à 300 m direction Bagnolet/Montreuil