Tendre Jeudi

du 11 février au 20 mars 2008

Tendre Jeudi

Mathieu Bauer de Sentimental Bourreau s’intéresse aux chaos de l’existence. Il met ici en scène des gens de toutes sortes, hors course, mais acharnés à vivre. A la petite semaine, sans ambition ni espoir, juste avec le désir d’aimer, de continuer. Ni pathétiques ni ridicules, tout à la fois émouvants et plutôt loufoques, ils n’ont rien à offrir que leur tendresse, et dans ce domaine, leur générosité est sans limite. Cette chronique de la Rue de la Sardine marque le triomphe d'un Steinbeck tendre et gai.

Chronique de la Rue de la Sardine
Vivre au présent
La Cour des miracles
Les seconds rôles au premier plan
Le cinéma convoqué sur scène
Extraits de texte
La presse

  • Chronique de la Rue de la Sardine

Dans Tendre Jeudi de John Steinbeck, Doc, un docteur illuminé, s’intéresse à l’apoplexie chez le poulpe. Il vit reclus dans son laboratoire, lieu secret et fantasmé par tous, où l’observation de certains comportements animaliers résonne comme une métaphore de nos agissements. Peu à peu il se coupe du monde et de son voisinage : les habitants de la rue de la Sardine (titre de la première partie de Tendre Jeudi) où prostitués, barmans, musiciens et petits malfrats vivent au jour le jour.

Les conserveries de Monterey ayant, par patriotisme, pêché et mis en boîte tous les poissons lors de la deuxième guerre mondiale, la Rue de la Sardine a perdu son animation quand Doc revient après avoir été démobilisé. Plus calme encore est son laboratoire de biologie marine où seules prospèrent poussière et moisissure. Oui, tout a changé, même Doc que ses amis trouvent singulièrement triste ; sa marotte (écrire un article sur l'apoplexie chez les céphalopodes) ne leur dit rien qui vaille : ce qu'il lui faut, c'est une femme. Ils se mettent en tête de le marier avec Suzy, protégée de Fauna propriétaire de L'Ours. Mais Suzy fait un complexe d'infériorité et Doc ne sait pas ce qu'il veut.

Les ramener à des vues plus justes sur l'existence sera l’œuvre d'une semaine mouvementée au mercredi sinistre et au jeudi sensationnel, juste apothéose de cette chronique de la Rue de la Sardine, triomphe d'un Steinbeck tendre et gai.

Source : Le Livre de Poche, LGF
Adaptation et dramaturgie Mathieu Bauer et Irène Bonnaud
Musique originale de Mathieu Bauer (batterie-percussions), Sylvain Cartigny (guitares), Arthur Simon (trompette).

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  • Vivre au présent

Tendre Jeudi c’est l’apologie du système D, de l’économie à la petite semaine, une radiographie de ces reclus solidaires en prise avec leurs rêves et leurs désenchantements joyeux. Le héros (Doc) a effectivement tout perdu de ses illusions, mais il lui reste cette envie insatiable de donner à sa vie une cohérence en s’attaquant à l’écriture d’un traité sur les poulpes. Il s’interroge, tel Faust dans son laboratoire, sur la nécessité de ses travaux mais il est invariablement rattrapé par une solitude qui ne lui laisse aucun répit. Ne l’entend-t-on pas se répéter en permanence « Que peut faire un homme sinon ce qui a déjà été fait par des millions d’autres et d’ajouter ensuite : « Seul, seul, je veux retourner à la lumière et à la chaleur, je suis seul ».

Et c’est finalement une fille de joie (Suzy) qui va le révéler à lui-même. C’était donc cela le mal dont il souffrait, un manque d’étreinte et de tendresse dans un monde qu’il ne reconnaît plus. L’essentiel de Tendre Jeudi réside dans l’immense humanité dont font preuve tous les personnages : Suzie, Fauna, Mack, Hazel… Cette tendresse (le mot est lâché) qui transpire dans chaque scène, appartient au présent. Le temps du présent est celui de Tendre Jeudi, donc exempt de toute nostalgie et où le futur est en permanence pipé. Tendresse, présent et lucidité vont de paire. D’une lucidité, qui à défaut de nous tuer nous rend tendres. C’est ce présent qui m’est cher. Celui du là, ici, maintenant, pour l’éternité. Un présent sans cynisme, sans calcul, empreint d’une mélancolie permanente, où les poulpes de Doc se laissent mourir faute d’aquariums assez grands pour eux.

Tendre Jeudi s’écoule ainsi dans les veines de nos personnages…

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  • La Cour des miracles

Fauna, mère maquerelle, Sainte patronne des prostitués de la rue de la Sardine. Une intime de Doc qui tire les cartes et prédit l’avenir comme d’autres vont boire des coups. L’Entremetteuse qui s’efforce de redonner de la dignité à tous ceux qui l’entourent. Mack, chef de bande, roi de la combine, organisateur d’une tombola truquée pour en être le principal bénéficiaire (ce qui permet à la bande de garder un toit au-dessus de la tête), attristé par le désespoir de Doc. Hazel, le simple d’esprit, à qui Fauna a prédit la présidence des Etats-Unis (dont il ne veut pas) et pour qui, réfléchir et écouter, est un véritable effort. C’est lui qui réussira à susciter les élans amoureux de Suzy pour Doc en cassant les jambes de ce dernier. Old Jingle Ballicks, vieux compagnon excentrique de sciences et (surtout) d’alcool de Doc, polémiste intarissable de la condition humaine, a des thèses à peu près sur tout. Il boit plus vite qu’il ne pense et finira de semer le doute et le chaos dans la vie de Doc. Marie-Joseph, mexicain -dont le rêve est de pouvoir tricher aux échecs-, patron d’un bar encombré de compatriotes clandestins qui au lieu de travailler ont décidé de fonder l’orchestre du quartier. Jo Blaikey, flic que toute la rue de la Sardine aime bien. Pour cela, il ne montera jamais en grade, ce dont il n’avait de toute façon pas envie. Il est prêt à aider toute personne en mauvaise passe, sans jamais juger de cette mauvaise passe. Jo Elégant, dandy homosexuel qui a décidé de ne plus travailler pour achever son roman. Et aussi un prophète fou végétarien et amateur de bonbons, des filles de joie,...

On boit beaucoup dans Tendre Jeudi, pour parler, disserter, oublier, rire. On boit un étrange breuvage appelé Old Tennis Shoes, mixture à l’image de cette clique, concocté à l’aide de tous les fonds de verre du bar de Marie-Joseph. Boisson non identifiée, et non identifiable, et dont le seul avantage est de procurer l’ivresse pour pas grand-chose.

Cette galerie de seconds rôles pourrait être à l’image de ces fonds de verre. C’est eux qui constituent le divin breuvage, chaque fond de verre comme un petit bout d’histoire. Au-delà des deux protagonistes Doc et Suzy, c’est toute une cour des miracles qui évolue autour d’eux. C’est à travers leurs regards qu’il faut axer le déroulement de la représentation. Amputer le spectacle de ses principaux personnages, c’est aussi politiquement prendre acte pour les seconds rôles, ceux oubliés de l’Histoire. C’est suivre la logique de Steinbeck en faisant subir à son roman ce qu’il a fait subir à ses contemporains - pas de figure héroïque - mais la parole aux marginaux.

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  • Les seconds rôles au premier plan

D’autre part, il m’a toujours semblé que le lien étroit que la France entretient avec les Etats-Unis passe avant tout par le cinéma. Et notre compréhension de ce pays se fait au travers de son cinéma. Ce qui n’est pas sans poser un certain nombre de paradoxes voire de quiproquos. Car, comme le disait Serge Daney, le cinéma est d’abord un autre pays sur la carte du monde. C’est donc toute une réalité des Etats-Unis qui a été et est tronquée via le prisme du cinématographe, c’est par ce biais là que j’ai envie de pénétrer dans Tendre Jeudi.

Je m’appuierai sur l’ouvrage de Philippe Garnier Caractères - Moindres lumières à Hollywood, dans lequel l’auteur se penche sur les seconds rôles du cinéma américain. Ces têtes que l’on connaît par cœur mais qu’on est incapable de nommer, les sans-noms familiers.

Ils sont les acteurs de second plan, ceux que l’on appelait dans les studios les « character actors on the leak light » c'est-à-dire les acteurs en bordure de projecteur. Ceux du hors-champ, du hors-cadre, une présence singulière qui traîne et trône dans Tendre Jeudi. Ils sont là pour faire briller la vedette, lui donner la réplique. C’est cette bordure qui m’intéresse.

Les remettre au centre implique que les héros prennent la marge. Et dans ce cas, c’est tout le rapport d’influence qui s’inverse. « La vedette de cinéma peut jouer quantité de rôles tout en restant ce qu’elle est, alors que le « character actor » habite ses personnages, se perd en eux et n’a plus aucune idée de qui il est vraiment (...) Les projecteurs favorisant toujours la vedette, tout ce qui fuit ou bave autour, c’est là-dessus que travaille l’acteur de second plan ». Et nous aussi. Les héros du roman, Doc et Suzy, deviendront alors les fantômes, les spectres du spectacle, ceux que l’on convoque, ceux que l’on ne voit jamais, mais sur qui tout repose.

On spécule et on s’agite autour d’eux. Ils ne seront jamais à proprement parler les narrateurs de leur propre histoire, ils n’existeront qu’à travers ceux qui gravitent autour d’eux.

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  • Le cinéma convoqué sur scène

Pas de rôles à proprement parler, mais une myriade de signes, de codes propres au « character actor ». Un récit choral où tout est dé-hiérarchisé et où raconter une histoire devient pluriel et multiple, où même les dialogues pourraient êtres traités en voix-off, tandis que le narrateur serait lui bien au présent et en direct.À l’intérieur de ce parti pris, les comédiens seront amenés à s’emparer de toutes les formes de récit et à composer avec les matériaux de travail habituels à Sentimental Bourreau, la musique et le cinéma.

Certaines des œuvres de Steinbeck ont été adaptées au cinéma (Les Raisins de la colère, Des Souris et des hommes…) et lui-même a participé à l’écriture de nombreux scénarios (A l’Est d’Eden et Viva Zapata d’Elia Kazan ; Lifeboat d’Alfred Hitchcock…). Il y a en permanence, quand on lit Tendre Jeudi, les images de ce cinéma là qui viennent hanter le lecteur. On passe du technicolor flamboyant au film noir, c'est-à-dire tout un cinéma de genre, rempli de codes et qui appartient désormais à l’imaginaire collectif.

La littérature américaine entretenant elle aussi un rapport très fort à cet art, il me semble important, à partir du moment où je travaille sur l’œuvre d’un de ses représentants, de me poser la question de ce lien qui existe entre littérature et cinéma et d’en trouver une traduction théâtrale. Une fois de plus, c’est le cinéma qui est convoqué sur scène plus que les dieux grecs, le cinéma populaire comme « psychanalyse collective de notre siècle ».

Cet aspect très cinématographique du roman me conduira à réaliser un certain nombre d’images pour inclure cette écriture dans le spectacle même. J’envisage de me rendre sur place, c'est-à-dire à Monterey (Californie), afin d’en capter l’atmosphère. Monterey étant aussi le lieu du baiser entre James Stewart et Kim Nowak dans Vertigo d’Alfred Hitchcock, un des plus beau baiser d’amour de l’histoire du cinéma. Baiser suffisamment ancré dans nos mémoires pour qu’il vienne hanter toutes les histoires d’amour, y compris celle de Doc et Suzy.

Mathieu Bauer

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  • Extraits de texte

Chapitre III – Tra la la lire
Doc aussi changeait malgré lui, malgré les prières de ses amis, malgré sa propre lucidité. Et pourquoi pas ? Les hommes changent et le changement arrive comme un vent léger qui gonfle le rideau, comme un parfum subtil de fleurs sauvages. Quelquefois, le changement s’annonce par un petit chatouillement, comme si on venait d’attraper un rhume, ou bien on ressent un léger dégoût pour quelque chose qu’on aimait encore hier ou bien on souffre d’une fringale chronique. Ne dit-on pas que trop manger est un des symptômes les plus positifs du mécontentement ? Et le mécontentement n’est-il pas le ferment du changement ? (…)

Mais aujourd’hui, le ver de l’insatisfaction le rongeait. Peut-être était-ce le début du retour d’âge qui en était la cause, les glandes qui fonctionnaient moins bien, la peau qui perdait de son éclat, les papilles gustatives qui s’affaiblissaient, les yeux qui voyaient moins loin, les oreilles qui entendaient moins bien. Ou peut-être était-ce le vide nouveau de la rue de la Sardine, les machines silencieuses, le métal rouillé. Tout au fond de soi, Doc sentait une cassure. Mais c’était un homme suffisamment réaliste, aussi se fit-il examiner ses yeux et radiographier ses dents. Horace Dormody, son médecin l’ausculta et ne découvrit aucun foyer d’infection. Alors, Doc se jeta dans le travail comme on boit un remède. Il chassa, injecta, naturalisa jusqu’à ce que son stock fût recréé. De nouvelles générations de rats grouillèrent derrière les grillages de leurs cages et quatre nouveaux serpents à sonnette s’abandonnèrent à une vie captive mais facile.

Et pourtant Doc n’en était pas plus satisfait. Il éprouvait de petites douleurs, il ne se sentait pas dans son assiette, son cœur ne battait pas à un rythme normal. Le whisky n’était plus une source de délices et la première gorgée d’un verre de bière glacée ne lui procurait plus la même joie qu’avant. (…)

Chapitre XXII – L’entraînement /écouter l’autre c’est le début d’une idée…
« Tu vas te mettre à pleurer et tu auras les yeux rouges. Vas-y, pleure.
- Excusez-moi, dit Suzy, vous êtes trop gentille, je ne vaux rien, vous perdez votre temps. Je sais comment ça se passera, au premier mot qu’il dira que je ne comprendrai pas je me mettrai en colère. J’ai peur.
- Évidemment que tu as peur, dit Fauna. Si tu n’éprouvais pas quelque chose pour Doc, tu n’aurais pas peur. Tu n’es pas la première à le ressentir. La première fois qu’une femme sort avec un homme qui lui plaît, elle a peur. Peut-être que Doc a peur aussi.
- Vous parlez ! dit Suzy.
- Si j’avais ton âge, ton visage et ton corps, et que je sache ce que je sais, il n’y aurait pas un homme pour me résister. Maintenant j’ai l’expérience, et c’est tout. Je vais te dire quelques petites choses : si tu les écoutes, tu obtiendras tout ce que tu veux. Mais je suis sûre que tu ne m’écouteras pas. Personne n’écoute. Quand on a appris à ses dépens, il est trop tard. C’est peut-être mieux ainsi.
- Je vous écouterai.
- Oui, mais tu n’en tiendras pas compte. Tout d’abord, on ne risque jamais d’avoir des ennuis en se taisant. Essaie de te rappeler les ennuis que tu as eus dans ta vie, et tu verras qu’ils sont venus de ce que tu avais trop parlé.
- C’est vrai, dit Suzy, mais je ne peux m’en empêcher.
- On apprend à se taire comme on apprend tout le reste. Maintenant il y a aussi les idées. En général, on jette ses idées à la tête des gens. Eh bien, Suzy, nous n’avons pas d’idées. Nous ne faisons que répéter ce que nous avons entendu au cinéma. Nous sommes toujours trop pressées d’exprimer nos idées, donc, ne jette pas tes idées à tord et à travers parce que tout compte fait, tu n’en a pas. Ensuite, apprends à écouter. On ne sait pas écouter alors que c’est si facile. Pendant qu’on écoute, on ne fait rien d’autre. C’est très intéressant.
Si un homme te dit quelque chose qui t’intéresse, ne le cache pas. Essaie plutôt de savoir ce qu’il pense, plutôt que de chercher comment tu vas lui répondre.
- Vous m’avez bien étudiée, dit Suzy.
- Maintenant, il reste le plus dur et le plus simple tout à la fois. N’essaie pas de passer pour ce que tu n’es pas et ne fais pas semblant de connaître quelque chose dont tu ne sais rien. Tôt ou tard, ça te retomberait sur le nez. On n’a jamais fait de mal à quelqu’un en lui posant une question. Suppose que Doc dise quelque chose que tu ne comprends pas, demande-le-lui. Il n’y a rien que les gens aiment autant que de vous faire profiter de leur expérience. »
« Tu as de jolis ongles, dit Fauna. Comment fais-tu ?
- C’est facile dit Suzy. C’est une recette de ma grand-mère. On laisse un vieux citron à côté du lavabo et chaque fois qu’on se lave les mains on se frotte les ongles avec. Puis on verse un peu de talc dans le creux de sa main et on se frotte les ongles de l’autre main.
- Tu vois ce que je veux dire, maintenant ? demanda Fauna.
- Quoi ?
- Je viens de te poser une question.
Suzy rougit.
« Je suis tombée dans le piège.
- Non. Cela m’intéressait vraiment. Il ne faut demander que ce que l’on a envie de savoir.
- Merci dit Suzy. Je ne sais pas si je serais jamais comme vous.
- Tu le peux si tu te rappelles plusieurs choses. D’abord, tu ne dois jamais oublier que tu es Suzy et personne d’autre, que Suzy vaut quelque chose et qu’il n’y a personne comme elle à la surface de la terre. Ça ne fait jamais de mal de penser ça de soi-même. Une fois que tu t’es mis ça dans le crâne, tu admets qu’il y a une quantité de choses que Suzy ne sait pas. La seule façon de les apprendre, c’est de les lire ou de poser des questions. En général les gens ne regardent qu’eux et ça ne les mène pas loin. Seulement, personne ne s’intéresse particulièrement à Suzy. Les gens n’ont pas le temps de penser à toi, parce qu’ils pensent à eux. Il y a deux ou trois façons d’attirer leur attention, la meilleure est de parler d’eux. Si tu vois quelque chose de joli, dis-le-leur, mais il ne faut pas que ça ait l’air faux. Ne te lance dans la bagarre que quand tu ne peux pas faire autrement. Si une bagarre se déclenche malgré ta volonté, attends d’être sûre avant de t’y lancer. La meilleure façon de se défendre, c’est de ne jamais être en garde. Lorsque tu as attiré l’attention des gens sur toi, ils voudront faire quelque chose pour toi. Laisse-les faire. Ne fais pas la fière et ne dis pas que tu n’en a pas besoin. Ce serait comme si tu les giflais. Ce qu’on aime le mieux, c’est de donner quelque chose qui fait plaisir.
Crois-moi, essaie.
- Vous croyez que Doc tombera dans le panneau ?
- Essaie toujours.
- Fauna, vous n’avez jamais été mariée ?
- Non.
- Pourquoi ? »
Fauna sourit.
« Quand j’ai eu appris tout ce que je viens de te dire, il était trop tard.
- Je vous aime, dit Suzy.
- Tu vois, je suis toute attendrie. Tiens, je te fais cadeau de ma fourrure.
- Mais, je ne veux pas…
- Et mes conseils ?
- C’est vrai, je vous remercie. Vous ne voudriez pas m’écrire tout ça pour que je l’apprenne par cœur ?
- Je te l’écrirai. Ce soir, chaque fois que tu seras sur le point de dire quelque chose, réfléchis avant. Ne laisse pas les mots sortir de ta bouche, c’est en général ce qui se passe.
- Je peux faire quelque chose pour vous, Fauna ?
- Oui, tu vas répéter après moi : Je suis Suzy et personne d’autre.
- Je suis Suzy et personne d’autre.
- Je vaux quelque chose.
- Je vaux quelque chose.
- Je suis unique au monde.
- Je suis unique… Fauna, vous allez me faire pleurer.
- Les larmes donnent du brillant aux yeux », dit Fauna.(…)

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  • La presse

"Tendre jeudi, d'après John Steinbeck, fait ses délices d'un cinéma américain d'après guerre et nous entraîne dans une sombre et délicieuse histoire qu'illuminent les neuf interprètes, parmi lesquels l'acidité charmeuse de Judith Henry, l'esprit fantasque de Georgia Stahl brillent. Mais tous sont excellents... " Le Figaro, Armelle Heliot, 14 octobre 2007

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Spectacle terminé depuis le jeudi 20 mars 2008

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