Timon d’Athènes, un choix
Le projet artistique
La pièce
Perspective de mise en scène/scénographie
« La pièce de Shakespeare fait écho à notre époque, elle traite de l’argent et de l’inflation. Chez Timon, on se trouve face à des questions actuelles : le gaspillage, le crédit, la consommation, la richesse, le prix, l’abondance… Le parcours de Timon est celui d’un homme, qui en vivant au dessus de ses moyens, croit acheter la joie, l’amitié… et le paradis avec…
Au lieu de faire face à la crise, Timon reste autiste, il se voile la face et crée des mirages comme aujourd’hui nous faisons la sourde oreille dans nos pays « développés » face aux problèmes économiques. Nous continuons chaque jour de consommer d’avantage, nous agissons comme si l’illusion pouvait durer éternellement. Pour Timon le rêve est plus fort que le réel, mais peu à peu il se voit contraint d’ouvrir les yeux sur une réalité terrifiante. La pièce atteint son point crucial quand se pose la question qui nous concerne tous : que faire devant le désastre ?
La trame sous-jacente de la pièce qui est la destruction du connu devient évidence. Timon, et avec lui les spectateurs, se trouvent devant l’inconnu. La ruine de Timon, son refuge dans la forêt, ses relations avec les autres personnages, le retour vainqueur d’Alcibiade sont comme des fils électriques qui créent le choc. Pour chaque spectateur, devant l’univers saccagé de Timon et devant le monde naissant d’Alcibiade, une question essentielle se pose : qu’est ce qui est à détruire ? Qu’est ce qui est à sauver ? Bien sûr, Shakespeare ne fournit pas la réponse. »
Habib Naghmouchin
Timon d’Athènes est une pièce peu représentée du répertoire Shakespearien, réputée difficile, elle est pourtant une oeuvre fondamentale, pour comprendre mais surtout prendre le temps de penser le monde que nous partageons aujourd’hui.
Car c’est bien de partage dont il est ici question. La société que cherche à construire Timon fonctionne sur de nobles et belles intentions, la générosité, l’amitié, l’entre aide, des notions en apparence idéales et justes mais qui pourtant vont se heurter au réel. Le système de Timon repose sur cette croyance aveugle que le monde déborde de richesses infinies, qu’il est, et sera éternellement abondant. Or, c’est exactement cette erreur d’appréciation qui va conduire Timon à sa ruine.
Les richesses se sont taries, elles ont été gaspillées, mal partagées, non redistribuées. La gestion humaine est au cœur de la pièce, elle va de l’insouciance de Timon, jusqu’à l’avidité, l’avarice de « ses amis ». Elle nous renvoie à notre propre manière d’évoluer en ce monde. Difficile de ne pas y voir un lien avec notre gestion actuelle des ressources. La libéralisation à outrance, le tout à l’économie règne en maître absolu et les fossés sont désormais des océans.
Timon, à bien y regarder, nous ressemble, nous sociétés occidentales qui festoyons sur un monde de ruines croissantes, inconscients, heureux et vaguement inquiets du « pourvu que cela dure » quand les indicateurs sociaux, environnementaux, culturels, passent les uns après les autres du vert au rouge.
Nous continuons, faute de pouvoir nous arrêter, faute de pouvoir réfléchir ou penser une autre voie que celle de l’excès : consommer, consommer, consommer et détruire.
« Timon, riche et généreux seigneur d’Athènes, dépense sa fortune sans compter, régalant ses nombreux amis en fêtes, dîners, présents… Quand son or viendra à lui manquer, combien d’amis lui restera t-il ? Pour ces mêmes amis qui puisaient dans son plat, la question qui se pose est : « est-ce le moment de prêter de l’argent, et surtout en échange de quoi ? » Fortune, dépense, échange, prodigalité, endettement, pouvoir, amitié mise à nue… Ceci est l’histoire de Timon. »
Timon d’Athènes est une pièce surprenante, l’une des dernières écrites par Shakespeare, une pièce rédigée à la maturité et qui suit chronologiquement La tragédie d’Hamlet. Si pour le jeune prince d’Elseneur, il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark, Timon, lui, découvrira très vite que la démocratie Athénienne n’est guère plus reluisante.
La pièce est violente, radicale dans sa forme comme dans les questions qu’elle pose. On lui reproche à tort, son manque d’action, ses soliloques, ses longs débats philosophiques ou métaphysiques, et pourtant c’est tout cela qui fonde la puissance de cette œuvre : ces mouvements incessants qui sondent l’âme humaine, une action essentielle.
Timon d’Athènes est l’histoire d’une chute, d’une utopie avortée parce que mal pensée. Timon est un homme riche et courtisé, qui voit son petit monde s’écrouler quand la fortune vient à lui manquer. D’un excès d’amour, il passe à une autre extrême : la haine. Le revers est rapide, mais la digestion bien plus longue, soulevant avec elle une multitude de questions, ici aussi, essentielles.
La scénographie comme le travail d’acteur vont tous deux dans le sens du dépouillement, de la justesse des éléments minimum, choisis avec soin, comme dans un jardin zen.
Les spectateurs, en disposition bi-frontale, comptent au nombre des convives de Timon et comme tels, sont conviés au banquet. D’un commun accord avec le scénographe, les décors et accessoires sont réduits au maximum. Peu de superflu, l’essentiel étant confié au travail des acteurs et des actrices.
Le jeu, l’énergie de cinq hommes et deux femmes, voilà la matière de cette création. Une aventure humaine, une exigence constante pour la compagnie, mais une réelle nécessité pour monter un tel texte.
très belle pièce avec une première partie géniale mais on s'essoufle ensuite . c'est shakespeare qui veut ça! les comédiens sont grandioses et la mise en scène vraiment à voir dans un endroit hors du commun qui change des salles habituelles!
très belle pièce avec une première partie géniale mais on s'essoufle ensuite . c'est shakespeare qui veut ça! les comédiens sont grandioses et la mise en scène vraiment à voir dans un endroit hors du commun qui change des salles habituelles!
25, rue Popincourt 75011 Paris