Le Verfügbar aux enfers est une oeuvre écrite clandestinement au camp de concentration de Ravensbrück par Germaine Tillion au cours de l’hiver 1944-1945. Elle n’avait d’autre finalité que d’aider un groupe de femmes détenues depuis plus d’un an à se tenir debout et continuer à croire en leur humanité. Un groupe de françaises, prisonnières pour faits de résistance, va tenter de raconter, sous la forme d’une revue grinçante, le quotidien de leur condition de détenues dans le camp. Le thème de la revue est « la leçon d’histoire naturelle sur l’espèce Verfügbar (disponible, corvéable à merci) ».
Le texte met constamment à distance cet univers inconcevable par l’emploi de l’autodérision, de l’ironie, de l’impertinence, du rire et du chant qui deviennent des armes contre l’entreprise de déshumanisation et d’extermination qu’est le système concentrationnaire. C’est ce texte qui est joué par sept comédiennes-chanteuses et deux musiciennes dans un espace qui lui aussi travaille sur le détournement de notre imaginaire des camps.
Cette pièce reste fidèle à l’engagement que Germaine Tillion avait pris en entrant dans la résistance : « […] nous pensons que la gaîté et l’humour constituent un climat intellectuel plus tonique que l’emphase larmoyante. Nous avons l’intention de rire et de plaisanter et nous estimons que nous en avons le droit, car nous sommes engagés corps et bien dans l’aventure nationale[…] »
Enfer d’opérette, en référence à l’Orphée aux Enfers d’Offenbach : chansons, scénettes aux allures de sketches… Un répertoire éclectique qui va de la chanson populaire à l’opéra, en passant par des chansons scoutes, l’opérette ou des standards de la chanson réaliste d’Edith Piaf ou de Tino Rossi. L’adaptation musicale pour ce choeur de neuf femmes, un accordéon et un violon traite toutes ces évocations musicales comme une vraie partition. Les chansons qui viennent souvent en contrepoint du texte sont tour à tour un moment de partage, de rêve ou de confidence.
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