Dans Journal de deuil, à la date du 24 mars 1978, Roland Barthes écrit : « Le chagrin, comme une pierre… (à mon cou, Au fond de moi) »
Ces quelques mots ont décidé de l’écriture d’Une Pierre. Un homme écrit à son frère : procédé de la lettre. Un homme seul, dans une maison. Une solitude extrême, exposée soudainement à la violence de l’intrus. Lettres de deuil et d’appel, envoyées. Des envois, comme une bouteille à la mer, qui entament leur destinerrance… Un voyage d’hiver, non pas littéralement, mais dans la tonalité affective d’un temps qui s’assombrit de plus en plus, dès lors que l’âme devient « un hiver froid et dévasté ». Lettres de la rage d’expression ? Pour expulser la pierre ? Que devient cette pierre, impénétrable, lourde et sèche, qui serre le cœur et la gorge ? Des lettres éparses déposées comme des lieder. Jusqu’au drame. Chant élégiaque provenant d’un là-bas, « au fond de la nuit sous la glace et l’effroi » où siège « la maison qu’éclaire le visage d’un amour »… d’un amour qui n’existe plus, celui prodigué, jadis, par la mère morte…
Frédéric Vossier
Les passages entre guillemets sont extraits de Le Voyage d’hiver de Wilhelm Müller.
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