« Toutes les choses ont leur mystère, et la poésie, c’est le mystère de toutes les choses. » Federico García Lorca
Federico García Lorca, poète et dramaturge espagnol (1898-1936), écrit Yerma en 1934. La pièce fait partie de la trilogie du théâtre de Lorca, avec Noces de sang (1933) et La Maison de Bernarda Alba (1936).
Dans cette œuvre éminemment poétique, Lorca a souvent recours à des symboles pour mettre au jour les sentiments des personnages et insister sur certaines situations. Le thème qu’il aborde, en orfèvre des mots, sur la place de la femme au sein d’une société paysanne, est toujours d’actualité.
Yerma et Jean, jeunes éleveurs mariés depuis deux ans, n’arrivent toujours pas à avoir d’enfant. Yerma ne peut pas attendre de consolation de la part de son mari, qui est un homme travailleur mais insensible à sa souffrance. Très attachée à ses convictions morales, elle ne veut pas non plus le tromper, malgré son attirance manifeste pour Victor, son ami d’enfance. Le couple va peu à peu s’éloigner. Jean, semblant se résigner, s’enferme dans le travail ; Yerma, au contraire, refuse de se soumettre à la fatalité et cherche par tous les moyens à conjurer le sort. Chacun devient un étranger au sein de son propre foyer. Yerma n’est pas la tragédie d’une femme condamnée à la stérilité mais celle d’un être désespéré, qui voudrait tant être aimé.
Daniel San Pedro met en scène cette tragédie charnelle où García Lorca dénonce le sort fait à la femme dans un pays étouffé par la tradition et fait passer toute la puissance de sa poésie.
« Une fascinante incarnation de la poésie même. » Armelle Heliot, Le Figaro, 27 novembre 2013
« Ce spectacle de l'enfermement, intime et sociétal, est d'une poignante beauté. Excellence du jeu des comédiens, intelligence des lumières et de la scénographie, puissance évocatrice des images... Avec ce Yerma, la barre est placée haut en cette rentrée théâtrale. » Laurence Liban, L'Express
« Cette première mise en scène de Daniel San Pedro, de Federico García Lorca (1934), ausculte cette image féminine au-delà de tout exotisme hispanisant. Audrey Bonnet y est remarquable de détermination, de perdition. Elle nous émeut. Les autres actrices dessinent des portraits de femmes différentes. Elles donnent à la pièce une dimension quasi chorale. » Sylviane Bernard-Gresh, Télérama TT
Lorca – Mettre en scène le théâtre de Lorca implique de se plonger de manière précise dans sa biographie.
Ce n’est, en effet, qu’en s’attachant à la vie et à la personnalité du poète assassiné que l’on peut comprendre le fondement intrinsèque de son œuvre dramatique : les mécanismes et les conséquences de la frustration. L’homosexualité de Lorca était connue et il lui est même arrivé de se faire insulter tandis qu’il venait saluer à l’issue d’une représentation d’une de ses pièces.
La frustration dont il a souffert n’est donc pas le simple fait de la clandestinité à laquelle il a été souvent contraint. Elle est davantage liée à la conscience du poète de son impossibilité à pouvoir construire une véritable vie de couple.
Le refoulement physique parfois forcé ne vient que s’adjoindre au renoncement de la vie à deux. Yerma incarne à elle seule ce thème de la frustration. Femme non fécondée, elle est ce manque d’amour qui semble lui ôter toute raison de vivre.
Yerma n’est pas la tragédie d’une femme condamnée à la stérilité mais celle d’une femme qui se voudrait aimer.
Son nom même en témoigne puisqu’il s’agit là d’une invention de Lorca féminisant le mot Yermo qui désigne en espagnol une lande désertique. Que les laboureurs passent et la terre redeviendra fertile … « Je suis comme un champ desséché que mille paires de bœufs pourraient labourer à la fois ». Comme le rappelait La Argentinita, amie du poète, « Yerma c’est Federico, c’est la tragédie de Federico ».
Un drame moderne - Lorca ne nous parle pas d’un fait-divers médical. Il nous met face à notre propre besoin d’amour. C’est l’universalité de ce propos qui m’a conduit à choisir de situer ce drame dans une esthétique résolument contemporaine. Il me semble important de sortir l’oeuvre de Lorca de l’image folklorique dans laquelle elle est souvent cantonnée. Yerma, Jean ou Victor n’ont rien de danseurs de flamenco au regard noir et à la silhouette cambrée. Réduire le théâtre de Lorca à une espagnolade convenue, c’est non seulement en simplifier la charge esthétique et poétique, mais c’est également en affaiblir considérablement le propos dramatique.
La femme - Yerma c’est aussi l’histoire d’une femme qui cherche sa place au sein d’une société paysanne où seuls les hommes semblent compter. Là encore, le fait de situer l’action de nos jours me semble le meilleur de moyen de faire entendre les enjeux sociaux qui sous-tendent la pièce. Car si Yerma date de 1934, l’interrogation qu’elle pose sur la place de la femme dans le monde agricole reste toujours d’actualité.
En effet, en dépit de l’incroyable modernisation de l’agriculture et de ses moyens de production, le statut des épouses d’agriculteurs reste peu valorisé. La reconnaissance de leur travail au sein de l’exploitation, ainsi que l’obtention des droits sociaux qui en découle, ne sont d’ailleurs que choses récentes. Aujourd’hui encore, nombre de jeunes filles renoncent à s’inscrire dans certaines filières de l’enseignement agricole par crainte de se confronter à un monde quasi exclusivement masculin. C’est à cette solitude-là que Yerma se voit également condamnée.
Le secret et le temps
Mettre en scène Yerma, c’est chercher à élucider ce qui lie intimement Yerma et Jean. Pourquoi Jean est-il incapable d’aimer sa femme ? Pourquoi Yerma ne le quitte-t-elle pas ? Quelle est la place de Victor au sein du couple ? Tout semble se jouer entre eux, dans les silences et les non-dits. Et puis le temps passe, pourissant la situation... Le rapport au temps est central. Il l’est autant pour les personnages que pour le metteur en scène lui-même. Comment traduire le temps qui passe ? Le temps s’écoule-t-il de la même manière à la campagne ? Pour signifier ces cinq années passées, un travail vidéo a suivi l’évolution d’un paysage rural au fil des mois et des saisons. Ces images ont ensuite été intégrées au spectacle afin d’accompagner la progression du récit.
Des souvenirs
Il y a mes souvenirs d’enfant dans les villages pauvres de Castille. Des étés heureux à vivre comme au siècle passé. Avec des paysans, des bergers et leurs troupeaux. Avec la lumière, les odeurs et les rumeurs... Pour autant, l’action n’est pas située en Andalousie, ni même en Espagne. Ici, les personnages sont des paysans mais sans sabots et sans accent. Leurs émotions sont à l’image de la nature : intense, imprévisible et sauvage. Un trop plein de sang coule dans leurs veines et rend le drame inévitable. Afin de ne pas tomber dans la caricature, j’ai souhaité rencontrer et travailler avec plusieurs bergers. L’un pratique la transhumance dans les montagnes du Pays Basque, l’autre est un éleveur ovin installé en Normandie. La justesse du geste est primordiale pour ne jamais avoir à faire semblant.
Avec la collaboration artistique de Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française.
Heureusement,hier c'était plein hier soir:les gents ont parlé,c'était magnifique!Merci
Très bonne prestation d'une oeuvre difficile mais émouvante et encore au combien d'actualité; dommage qu'il n'y ait pas plus de public (60 environ)
Pour 1 Notes
Heureusement,hier c'était plein hier soir:les gents ont parlé,c'était magnifique!Merci
Très bonne prestation d'une oeuvre difficile mais émouvante et encore au combien d'actualité; dommage qu'il n'y ait pas plus de public (60 environ)
16, place Stalingrad 92150 Suresnes
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