Blanche-Neige

du 3 octobre au 4 novembre 2007
55 minutes

Blanche-Neige

Reine, Chasseur, Prince, pomme et cercueil, tout a eu lieu et tout se rejoue, dans cet après-conte qu’écrit Walser. Tout a eu lieu pour qu’on en parle. Rien ne change mais tout bouge. Car pour autant, toutes les positions, de la Reine et de Blanche-Neige, cet axe en pierre de touche de la pièce, sont mouvantes, contradictoires, on dirait interchangeables, dans un jeu d’échec où la parole est assurément poème, mais avant tout pouvoir.

Notes d’intention
Là où naît le plaisir

  • Notes d’intention

« Vivre, pour elle, c’est s’incliner », écrit Robert Walser à propos de la neige. La phrase pourrait convenir, aussi, à la Blanche-Neige de sa pièce. Sans se priver de ce qu’il y a de surplomb sur l’autre dans ce mouvement de soumission consentie. L’autre, ici, c'est la Reine. Car Reine, Chasseur, Prince, pomme et cercueil, tout a eu lieu et tout se rejoue, dans cet après-conte qu’écrit Walser. Tout a eu lieu pour qu’on en parle. Tout se rejoue parce qu’à la différence des contes, rien ne se solde ici, tout est blocage et impasse obstinée, à défaut virage inattendu.

Rien ne change mais tout bouge. Car pour autant, toutes les positions, de la Reine et de Blanche-Neige, cet axe en pierre de touche de la pièce, sont mouvantes, contradictoires, on dirait interchangeables, dans un jeu d’échec où la parole est assurément poème, mais avant tout pouvoir. Le poème comme broderie nonchalante dans le sur-place imposé du pouvoir. Le pouvoir comme fatalité des affects.

Mettre en scène cette Blanche-Neige n’a jamais consisté pour nous à en déplier les enjeux - fût-ce la magnifique intuition de Walser que le meurtre de Blanche-Neige et la sexualité de la Reine ne sont qu’une seule et même chose. D’ailleurs la pièce échappe à toute tentative de saisie exhaustive et assurée. Faits et sentiments y sont incertains et le statut même de cette incertitude l’est plus encore : ce flou dans la vérité est-il le caprice gracieux de la vie ou l’origine de son désespoir ?

Nous n’avons pas non plus cherché le consentement empathique. La pièce d'ailleurs ne s’y prête pas, elle n’est pas dans le sentiment, mais travaille ailleurs, et plus sourdement. On s’y sera tenu à ce choix, que quoique l’on croie en général, on ne vit de bouleversements au théâtre que ceux qu’il n’a pas prévus. Par provocation on dira que le théâtre n’est pas affaire d’émotions mais de faits, dans son récit et plus encore dans son geste. Qu’on y pose un objet, dont on postule qu’il se tient, et arrive que voudra et pourra. L’émotion y advient de surcroît, le surcroît étant le lieu, hypothétique et nécessaire, de l’autre.

Diane Scott

Blanche-Neige est paru aux éditions José Corti, Paris, 2002, collection « Merveilleux ».

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  • Là où naît le plaisir

Il y a, chez Robert Walser, une économie de l’écriture dont le texte Blanche Neige est exemplaire. La poésie, la violence, l’amour, la mort, la sexualité… se tendent au maximum de mots juste déposés sur la feuille. Comme une explosion tenue au fond d’un corps apaisé à la surface de sa peau.

Le spectacle de Diane Scott est à l’exacte mesure de cette économie : un art de gérer les dépenses (de moyens, d’énergie, de jeu) et l’intelligence d’ajuster les éléments spectaculaires à l’essentiel, au nécessaire de la représentation.

Les moyens scéniques, la parole, les gestes, l’espace, la lumière, sont mesurés avec l’exacte précision nécessaire : une invitation faite au spectateur à demeurer dedans et dehors tout à la fois. Là où se joue la limite entre, d’un côté, l’écoute, le regard et, de l’autre, l’émotion, peut-être l’angoisse. Là où naît le plaisir. Exactement comme sont les contes pour enfants.

La mise en scène, le travail des acteurs, la scénographie sont, à mes yeux, exemplaires de la justesse de la réponse aux question que pose le théâtre aujourd’hui : qu’est-ce que représenter ? qu’est-ce que le jeu sur et avec la distance qui nous tient, spectateurs, dans une tension délicieusement indéfinie entre émotion et intelligence ? qu’est-ce qu’un corps d’acteur chargé de la parole, de la langue, des mots ? pour représenter faut-il jouer ?

Dans ce Blanche Neige, le moindre mouvement, le moindre déplacement, soulignés par une sorte de répétitivité statique fascinante, valent un coup de hache dans la douceur d’une cruauté infinie, débordante d’un amour à peine dit mais tellement là. La lumière remonte de ses reflets au sol, comme un inconscient qui affleure et nous éclaire, nous enveloppe par-dessous.

L’acteur est au centre du travail de Diane Scott : ce qu’elle leur demande, ce qu’ils partagent, nous dit, nous montre un chemin de ce que doit chercher le théâtre d’aujourd’hui : préciser son identité, éviter les séductions venues du spectaculaire tel que d’autres arts en imposent les canons. Le plaisir du théâtre ne se doit qu’à lui-même.

Michel Simonot

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Spectacle terminé depuis le dimanche 4 novembre 2007

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