Après Notre temps collectif en 2015, Occupation Bastille l’année suivante et Notre chœur en mai 2017, le Théâtre de la Bastille prolonge l’expérience de partager des temps différents, de réfléchir à l’acte de création, et à la place du spectateur. Il invite cette saison le collectif L’Avantage du doute à investir les lieux pour y célébrer le principe d’incertitude : un temps pour s’arrêter, souffler et rétablir la nécessité du doute afin de permettre à chacun de fabriquer son propre point de vue.
D’un côté, il y avait l’envie de poursuivre une nouvelle aventure artistique : offrir un temps qui ne soit pas réduit à l’enchaînement sans fin de spectacles, penser une présence théâtrale qui investisse le lieu d’une manière singulière.
De l’autre, il y avait les préoccupations et la méthode d’un collectif de théâtre qui, depuis sa création, travaille autour de questions qui traversent la société. Qu’est-ce que pourrait être un engagement politique aujourd’hui ? Quel sens donne-t-on au travail ? Quel rapport entretient-on avec les images ? Comment arrête-t-on le flux médiatique et technologique ? Et comment raconter cela en se donnant le temps d’y réfléchir et de trouver une forme ?
À l’arrivée, il y a aura un laboratoire social de création, des veillées consacrées à la vertu du doute, un spectacle tout public et une semaine sans écrans.
Avec le laboratoire, les membres du collectif proposeront à un groupe d’expérimenter leur méthode : partir des préoccupations de chacun, enquêter, multiplier les sources et partager ces expériences afin de savoir ce qu’on est capable de défendre, d’affirmer en commun. Avec pour revendication le droit à la lenteur : le temps d’émergence des questions est pour eux essentiel, l’exercice du doute provisoire et méthodique un principe, et le désaccord un moteur.
Le spectacle, lui, s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes : La Caverne est une fable qui, inspirée par l’allégorie de la Caverne de Platon, incite à regarder le monde autrement que par le prisme de son ordinateur et de Google. Établissant une analogie entre le théâtre des ombres projetées sur le mur de la caverne et le flux des images que nous regardons quotidiennement, elle invite à réfléchir aux outils qui font partie de nos vies et aux contenus qu’ils nous proposent.
Enfin, dans le même esprit, la semaine sans écrans – ou aussi peu que possible ! – proposera des expériences permises par ce temps « libéré ». Pourquoi aujourd’hui les objets sont-ils condamnés à l’obsolescence ? Qu’ont à dire les enfants sur l’actualité ? Comment fabrique-t-on ensemble un récit ? Autant de questions qui seront abordées avec ce qui est une des marques de fabrique de la compagnie : l’humour, qui est un parfait partenaire du doute.
Pour inaugurer ces quatre semaines hors-norme, L'Avantage du doute revisitera ses trois premiers spectacles, une Grande Traversée afin de partager les préoccupations qui sont les siennes depuis ces dix dernières années.
L.D.
Par le collectif l'Avantage du doute.
76, rue de la Roquette 75011 Paris