L’Opéra de quat'sous

du 29 septembre au 28 octobre 2004

L’Opéra de quat'sous

Avec Kurt Weill, Brecht entreprend une adaptation de L’Opéra des gueux de John Gay, représenté en 1728. Il transpose aux années 20 l’action qui se passe dans les bas-fonds de Londres. Des intérêts d’affaires y opposent le chef d’une agence de mendiants, Peachum, à Mackie-le-Surineur, escroc et souteneur de grande envergure. Habilement, ils tirent profit de l’hypocrisie du monde bourgeois et n’hésitent pas à collaborer avec la police. Une mise en scène Christian Schiaretti.

L'histoire
Extrait d’une lettre de Kurt Weill

Jonathan Jeremiah Peachum, directeur de la société « L’ami du mendiant », a ouvert une officine « où les plus déshérités des déshérités prennent une apparence capable de parler au cœur le plus racorni ». En plein cœur de Soho, dans une écurie où l’on a rassemblé des meubles volés, Macheath, dit Mackie-le-Surineur, célèbre son mariage avec Polly, fille unique de Peachum. Parmi les invités, il y a le chef de la police, surnommé Tiger Brown. C’est un vieil ami de Macheath depuis qu’ensemble ils ont combattu dans l’armée des Indes. Lorsqu’ils apprennent ce mariage, Peachum et sa femme décident de faire arrêter Macheath afin qu’il soit pendu.

Macheath prend la fuite. Polly prend la direction des affaires. On le retrouve dans une maison de passe à Turnbridge. Une des prostituées, Jenny-des-Lupanars, le dénonce et le fait arrêter. On l’emprisonne à Old Bailey. Polly vient rendre visite à son mari et découvre sa rivale, Lucy, fille de Brown. Macheath réussit à s’enfuir.

Peachum, furieux, annonce à Brown qu’il troublera le cortège du Couronnement par une manifestation de masse des miséreux. Macheath est arrêté une nouvelle fois, il va être pendu. Polly et Lucy, réconciliées, accourent pour l’embrasser une dernière fois...

La première de L’Opéra de quat’sous a lieu à Berlin en 1928. La pièce connaît un succès inespéré. Les « songs » deviennent des rengaines populaires. Avec L’Opéra de quat’sous, Brecht voulait dévoiler les affinités du monde bourgeois avec le banditisme. L’histoire littéraire se souviendra de moi, dit Brecht, pour avoir écrit « la bouffe vient d’abord, ensuite la morale »…

Texte français Jean-Claude Hémery. Avec l’Ensemble Instrumental de l’Atelier Lyrique de Tourcoing.

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Aujourd’hui dans le monde, il n’existe plus de forme d’art au caractère mondain si prononcé, et le théâtre, en particulier, s’est tourné avec détermination vers une direction que l’on peut caractériser comme la promotion de l’esprit social. Si donc l’opéra ne supporte pas un tel rapprochement avec le théâtre contemporain, alors ce cadre doit exploser…

Dans L’Opéra de quat’sous, la reconstruction était devenue possible : on pouvait reprendre à zéro. Ce que nous voulions retrouver était la forme originelle de l’opéra. À chaque fois que l’on écrit une œuvre musicale dramatique, on retrouve la même question : comment la musique et, surtout, le chant au théâtre sont-ils tout simplement possibles ? Cette question a été résolue ici de la manière la plus primitive. J’avais une action réaliste, la musique devait donc s’y opposer, puisque telle n’était pas sa nature. Ainsi, l’action était interrompue pour laisser place à la musique, ou bien elle était consciemment conduite vers un point où le chant devait simplement apparaître. Cette pièce nous offrit en outre la possibilité d’installer le concept d’« opéra » comme thème d’une soirée au théâtre.

Au tout début de la pièce, le spectateur est instruit : « Vous allez voir ce soir un opéra pour mendiants. » C’est parce que cet opéra a été construit de manière si fastueuse que seuls des mendiants puissent en rêver, et parce qu’il devait être si bon marché que des mendiants puissent se le payer, qu’il s’appelle L’Opéra de quat’sous… Ce retour à une forme primitive d’opéra impliquait une grande simplification du langage musical… C’est la réalisation d’une mélodique compréhensible et évidente qui rendit possible ce qui est réussi dans L’Opéra de quat’sous : la création d’un nouveau genre de théâtre musical.

Parue dans Anbruch, Vienne, janvier 1929

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Spectacle terminé depuis le jeudi 28 octobre 2004

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