Quand de jeunes acteurs, de jeunes musiciens et chanteurs s'emparent de la langue de Novarina, ce maître en détournement de langue, qui dans tout son théâtre dit le drame de l'animal parlant qu'est l'homme, cela donne un spectacle déjanté, jouissif et complètement juste.
La compagnie Air de Lune, groupe de jeunes acteurs et musiciens formés à l'école Claude Mathieu, a choisi de célébrer dans le délire les noces de la musique et du théâtre. Ils ont été invités par deux fois au Festival « Enfants de troupe » parrainé par Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil. Ils se sont passionnés pour la langue si musicale de Novarina, ont décidé de prendre à bras le corps le texte de L'Opérette imaginaire et dansent sur ce texte avec leurs gorges et leurs mollets.
Ils ont choisi le prologue, tentative désespérée d'empêcher l'opérette et déjà une plongée dans la langue de l'auteur, et l'acte 3, le plus représentatif de cette opérette imaginaire et le plus intéressant musicalement.
Dans cet acte 3, les étranges animaux parlant de Valère Novarina : la Femme pantagonique, l'Acteur fuyant autrui, l'Ouvrier Ouiceps, le Valet de carreau, le Galoupe, Anastasie, le Mortel, la Dame Autocéphale, l'Infini Romancier, le E Muet, attendent la vraie humanité. En attendant, ils jouent, se battent, se haïssent, chantent, dansent, aiment.
« Faites entrer la parole » dit le Valet de carreau, la parole entre et rencontre la musique. Dans un univers de café-théâtre, le langage s'emballe alors que la musique, chants liturgiques ou chansonnettes, affirme sa sérénité.
Pour cette joyeuse équipe, se saisir de la langue de Novarina c'est pénétrer un continent inconnu, se laisser aller à l'ivresse du jeu et des mots.
Par la compagnie Air de Lune.
"La jeune compagnie Air de lune, formée d'acteurs sortis de l’ (excellente) école Claude Mathieu, s'empare du prologue et de l'acte III de l'Opérette imaginaire pour bricoler un spectacle foldingue. C'est la seconde merveille. La compagnie creuse à loisir son créneau qui entend glorifier les noces de la musique et du théâtre, ce qui ne saurait déplaire à ce fortiche en rythme qu'est Novarina. " JP. Thibaudat, Libération
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