Deux hommes et deux femmes se partagent les 17 rôles de cette tragi-comédie de Shakespeare, où toute la place est laissée à l'énergie du jeu.
Leontes, roi de Sicile, est soudain pris d'une jalousie paranoïaque et suspecte son épouse Hermione de l'avoir trompé avec son meilleur ami, Polixènes, roi de Bohème. Cette folie provoque plusieurs catastrophes, dont certaines irréparables… mais peut-être pas toutes.
Lorsque j'avais 20 ans et que j'étais étudiant en géographie à la fac de Nanterre, j'ai joué Le Conte d'hiver dans le cadre d'un cours amateur. Le metteur en scène, Jean-Noël Dahan, nous a proposé une expérience originale : faire une distribution inversée, c'est-à-dire que les hommes jouent les rôles de femmes et vice-versa.
J'ai alors interprété Hermione et j'ai été bouleversé par le destin tragique de cette reine bafouée… tout en étant ému par le repentir immédiat de son mari, Léontes, une fois son erreur révélée et son obstination renversée.
Comédien depuis 2012, j'ai essentiellement joué dans des spectacles contemporains, et aspire depuis quelques années à interpréter des textes du répertoire. Cette tragi-comédie de Shakespeare est toujours restée gravée dans mon corps et mon esprit.
J'ai rassemblé autour de moi d'anciens camarades de jeu, que j'admire et avec qui je partage le goût d'un théâtre engagé physiquement, où l'on aime à changer de personnages et de style de jeu dans un même spectacle – trois d'entre nous ont joué dans des seuls en scène à plusieurs personnages.
Je leur ai proposé de monter Le Conte d'hiver dans un temps accéléré, à la manière d'un théâtre guérilla, pressé par l'envie et l'urgence de revenir à la puissance des classiques. L'idée s'est ainsi imposée d'elle-même de réduire les interprètes à deux hommes et deux femmes pour se partager les 17 rôles.
De nombreuses coupes ont aussi été faites dans l'œuvre originale, les décors et les costumes sont réduits au strict minimum, afin de se concentrer sur la magnifique langue de Shakespeare et de laisser toute la place à l'énergie du jeu. Les inspirations se trouvent à la fois dans les mises en scène et les propos légendaires de Peter Brook (L'Espace vide), et dans un travail réalisé avec le metteur en scène Gwenaël Morin, créateur du Théâtre permanent, à partir d'Andromaque de Racine, à la Friche de la Belle de Mai.
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