Spectacle en anglais, arabe, flamand, français, norvégien, tunisien surtitré en français.
Le poète aveugle est le spectacle de Jan Lauwers en collaboration étroite avec le compositeur Maarten Seghers, dont la première a eu lieu au printemps 2015, dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts. Jan Lauwers s’inspire des arbres généalogiques des performers pour écrire une nouvelle histoire, basée sur leurs différentes nationalités, cultures et langues. Il revient mille ans en arrière pour méditer sur la notion d’identité dans l’Europe multiculturelle d’aujourd’hui.
Il plonge dans l’œuvre d’Abu al ‘ala al Ma’arri, poète arabe aveugle des Xe-XIe siècles, et de Wallada bint al Mustakfi, une poètesse andalouse du XIe siècle. Leurs œuvres sont l’écho d’un temps où les femmes étaient puissantes et l’athéisme courant, où Paris n’était qu’une petite ville de province et Charlemagne, un analphabète notoire. L’Histoire est écrite par les vainqueurs.
Par les hommes. Combien, au juste, de mensonges, de rencontres fortuites, d’accidents de parcours ont déterminé l’histoire que nous connaissons ? A propos de femmes qui jettent des pierres et finissent au bûcher. A propos d’un croisé à l’armure étriquée.
Par la Needcompany.
Le spectacle a obtenu le Barcelona Critics Prize pour le Meilleur Spectacle de Danse International en 2015 et est sélectionné pour le TheaterFestival 2016 (BE) et Theaterfestival Basel 2016.
« D’une beauté saisissante, cette fresque formidable, physique, plastique et musicale avec son rock hurleur et déjanté, met en scène une humanité tendre et drôle, amère et généreuse. Elle nous rappelle surtout que l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs. » Agnès Izrine, La Terrasse, 26 octobre 2015
« Concert-poème-performance à neuf voix et en six langues (…), « Le Poète aveugle » est un mix débridé de bruits, de fureurs, de silences et d'images fortes qui se veulent un condensé d'humanité. (…) Déroutant, brouillon, naïf, mais souvent habité, « Le Poète aveugle » se termine en beauté et nous emporte à l'arraché. » Philippe Chevilley, Les Echos, 13 octobre 2017
« La scène-monde de Jan Lauwers se présente comme une forme théâtrale artisanale et pêchue, jamais sage et policée, parfois un peu vaine, sorte de rituel chamanique et de concert rock, imposante machine illusionniste qui compile les matériaux et les idées. Les interprètes sont toujours de sacrés performeurs. Acteurs sur le plateau dans des solos conséquents, ils sont aussi danseurs gracieux et musiciens déchaînés. » Christophe Candoni, sceneweb, 15 octobre 2017
« Lorsque l’esprit est hésitant,
Il se laisse submerger par le monde,
Homme faible embrassé par une catin.
Lorsque l’esprit est devenu confiant,
Le monde est une dame de rang,
Qui refuse la caresse de ses amants. »
- Abu al ‘ala al Ma’arri (vers 950)
« Le poème ci-dessus est du poète syrien aveugle Abu al ‘ala al Ma’arri. L’idée de Le poète aveugle est née lors de ma visite à la grande mosquée de Cordoue. Au milieu de cet édifice unique aux trois cents colonnes, l’église catholique a détruit une série de colonnes pour y ériger une cathédrale. La cathédrale paraît petite et un peu grotesque au milieu de cette architecture ‘mauresque’ sophistiquée. J’étais interloqué devant tant de maladresse historique.
Cordoue était la capitale de ce monde-là, avec ses 300.000 à 1 million d’habitants. Les femmes étaient puissantes, traduisaient Platon, l’athéisme était courant. Plusieurs bibliothèques, plus de 600.000 livres, et cetera. A titre de comparaison : la plus grande ville du monde chrétien était Paris, avec environ 30 000 habitants. La plus grande bibliothèque chrétienne comptait 60 000 livres, et Charlemagne était analphabète.
Qu’est-ce que cela signifie au juste ? Pourquoi l’histoire nous ment-elle et nous trompe-t-elle toujours ? L’histoire est écrite par les vainqueurs. Par des hommes. Par des individus qui dictent à la masse ce qu’elle doit faire.
Dans la Cordoue du 11e siècle, les femmes étaient les égales des hommes. Du moins, les femmes musulmanes. Les femmes chrétiennes les jugeaient trop inconvenantes, trop dangereuses.
Cette histoire de Cordoue n'est qu'un exemple parmi de nombreux autres de la façon dont l'histoire vient à nous. Le poète aveugle parcourt l'histoire à travers les arbres généalogiques de tous les membres de Needcompany. Ainsi, nous avons constaté que chacun a quelque part un lien ou une correspondance avec tout le monde. L'un de mes ancêtres était armurier à l'époque de Godefroid de Bouillon, et il a rejoint sa croisade. Ils sont passés par l'Allemagne, où l'ancêtre de Grace Ellen Barkey les a reçus en tant que maire.
« Par Dieu je cherche l’honneur et la gloire, et je parcours très dignement mon propre chemin
A mon amant j’offre mes joues, et mes lèvres, je les donne à qui les veut. »
- Wallada bint al Mustakfi (Cordoue, 1000)
15, rue Malte Brun 75020 Paris
Station de taxis : Gambetta
Stations vélib : Gambetta-Père Lachaise n°20024 ou Mairie du 20e n°20106 ou Sorbier-Gasnier
Guy n°20010