À 18 ans, Francis Poulenc croisa Guillaume Apollinaire lors de la création de la pièce des Mamelles de Tirésias en pleine guerre, pendant la convalescence du poète blessé au front. Quelques mois plus tard, Apollinaire mourrait et Poulenc, qui mit souvent sa poésie en musique, regretta toujours de n’avoir pas eu le temps d’entamer une véritable collaboration artistique.
Relu bien plus tard à la fin d’une autre guerre, le texte de la pièce lui parut convenir à la composition d’un véritable opéra bouffe, avec sa satire du féminisme, son propos social décapant et ses personnages banals transfigurés par la fantaisie du sujet : Thérèse ne décide-t-elle pas de changer de sexe pour devenir Tirésias ? « Je crois bien que je préfère cette œuvre à tout ce que j’ai écrit, confiait Poulenc. Si l’on veut se faire une idée de ma complexe personnalité musicale, on me trouvera très exactement moi-même dans Les Mamelles de Tirésias. »
Introduction à l'oeuvre 30 minutes avant chaque représentation.
Les Mamelles de Tirésias : Opéra bouffe en un prologue et deux actes de Francis Poulenc. Texte de Guillaume Apollinaire. Créé à l’Opéra Comique le 3 juin 1947.
Précédé du Foxtrot de la Suite pour orchestre de jazz n°1 op.38a de Chostakovitch et du Boeuf sur le toit, (Ballet op. 58, 1920) de Milhaud.
Le Bœuf sur le toit : Ballet de Darius Milhaud, argument de Jean Cocteau. Créé au Théâtre des Champs-Élysées le 21 février 1920.
Direction musicale, Ludovic Morlot.
Mise en scène, Macha Makeïeff.
Orchestre et chœurs de l’Opéra de Lyon.
Musicien éclectique dont la culture n’avait d’égal que l’humour, Francis Poulenc est la figure dominante de la musique vocale française au XXe siècle. Son talent, qui s’épanouit dans l’entre-deux-guerres entre le mouvement surréaliste et les cafés-concerts, a produit d’admirables cycles de mélodies, de nombreuses pièces chorales et quelques œuvres maîtresses pour la scène lyrique.
Chez Poulenc, le métier le plus accompli est mis au service de l’inspiration la plus souple, et la création conserve toujours un irrésistible parfum d’improvisation. Un imaginaire nourri de littérature autant que de peinture, l’amour de la voix chantée et du discours poétique, une intarissable veine mélodique s’allient dans ses œuvres à une liberté complète dans le choix des sujets et des formes, et à un penchant assumé pour la bouffonnerie.
Particulièrement approprié à l’esprit de l’Opéra Comique, le talent de Poulenc y produira deux chefs-d’œuvre après-guerre, à une époque où l’institution a perdu son indépendance mais conserve encore son caractère : Les Mamelles de Tirésias puis La Voix humaine.
5, rue Favart 75002 Paris
Entrée du Public Place Boiëldieu