Müller Machines, sans avoir la prétention d’atteindre au « spectacle total », est un spectacle résolument transdisciplinaire, faisant s’affronter et correspondre tous les arts de plateau – théâtre, musique, danse, cirque – ainsi que la vidéo.
La multiplicité des plans et des temporalités – spectacle vivant et images projetées, horizontalité et discursivité assumées par le comédien, verticalité et sensorialité apportées par la danse aérienne et la musique – rend compte de l’esthétique et de la dramaturgie propres aux textes de Heiner Müller : volonté de fragmentation, et de convergence tout à la fois ; mise en scène des déchirures de l’Histoire, et volonté d’en recoller les morceaux.
Müller Machines s’appuie sur trois textes fondamentaux et pourtant peu explorés de Müller – Paysage sous surveillance, Libération de Prométhée et Nocturne – et déploie une succession de séquences nettement distinctes, chacune utilisant un, ou plusieurs, voire tous les vecteurs scéniques à disposition : théâtre, danse, cirque, musique, vidéo, voire lumière pure.
A la confrontation entre archaïsme et modernisme, intrinsèque aux textes, répond la mise en œuvre sur scène de moyens allant des plus « artisanaux » (échafaudages métalliques et constructions filaires de la danseuse aérienne, comme une référence fantomatique au cirque), aux plus technologiques : musique purement électronique ou utilisant des instruments hybridés avec l’électronique, musique commandant, voire interagissant sur, la vidéo et la lumière, éclairage à LED.
Sur scène, trois interprètes ayant en commun une même radicalité de démarche : l’acteur extrême Denis Lavant, la danseuse aérienne Cécile Mont-Reynaud, et le musicien contemporain et inclassable Kasper T. Toeplitz.
Traductions Jean Jourdheuil, Jean-Pierre Morel, Jean-François Peyret et Heinz Schwarzinger.
Passage Molière - 157, rue Saint Martin 75003 Paris