Cette version napolitaine, admirable, se pare de l’Euridice de Regula Mühlemann, de l'Orfeo de Jakub Józef Orliński et de la mise en scène de Robert Carsen. En italien, surtitré.
Spectacle en italien surtitré en français et anglais.
Lorsqu’il reprend plus d’un siècle et demi après Monteverdi le sujet de la fable de l’Orfeo, Gluck s’engage en même temps dans un renouveau des codes de l’opéra jusqu’alors en vigueur. Il décide de se concentrer sur l’action dramatique, sa force, sa cohérence et sa richesse, qui à ses yeux se doivent d’être en parfaite harmonie avec l’écriture musicale. De cette réflexion surgit un ouvrage novateur qui, par l’incroyable richesse des ballets et des chœurs notamment, rayonne d’une beauté lumineuse tout en « réformant » les formes du passé.
Le canadien Robert Carsen a mis en scène l’œuvre il y a une dizaine d’années pour l’Opéra de Chicago. Il y traduisait déjà par son dispositif hors de toutes références temporelles toute l’universalité de l’ouvrage et donnait une place de choix à la musique et au chant. Il a aujourd’hui décidé de remettre l’ouvrage sur le métier, mais gageons que cette version parisienne conservera son aspiration première. Si le sujet est issu de l’un des plus beaux mythes, l’intrigue se resserre sur le couple formé par Orfeo et Euridice au travers de leurs airs qui requièrent une sensibilité et une virtuosité sans faille.
Après plusieurs récitals ici même où il a triomphé, le contre-ténor Jakub Józef Orliński fait ses premiers pas parisiens à l’opéra face à la jeune Regula Mühlemann aux vocalises ciselées comme un diamant. Un duo de jeunesse et d’insolence musicale qui devrait briller de mille feux sous la baguette experte de Thomas Hengelbrock au pupitre de ses Bathalsar-Neumann-Ensemble et Chor. Les deux amants feront l’impressionnante expérience de la douloureuse descente aux Enfers que même l’amour, ici incarné par Elena Galitskaya, la mutine Pauline de la récente Vie parisienne, ne pourra sauver. Toute la palette du chant amoureux condensée dans l’une des pages les plus bouleversantes de Gluck.
Opéra en trois actes (1762, version de Vienne)
Livret de Raniero de’ Calzabigi
Avec le Balthasar-Neumann-Ensemble, Balthasar-Neumann-Chor.
15, avenue Montaigne 75008 Paris