Durée estimée 12 heures (en intégrale les week-ends ou en deux soirées consécutives les mercredis et jeudis, durée 6 heures). Seules les intégrales sont disponibles sur Theatreonline.
Après Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq, Julien Gosselin et sa compagnie attaquent un chantier peut-être encore plus fou : adapter l’enquête vertigineuse sur l’écriture et le mal qu’est le chef-d’œuvre du chilien Roberto Bolaño.
Dès sa parution posthume en 2004, 2666 a été salué par la critique internationale comme l’un des grands textes du début du XXIe siècle. Bolaño, qui avait d’abord écrit de la poésie, n’était pourtant passé à la fiction narrative qu’au milieu des années 80, à l’approche de la quarantaine. Son ton très particulier le fit d’emblée remarquer – une combinaison inédite d’ironie, d’étrangeté mélancolique, d’élégance formelle et de goût pour l’allusion cryptée finissant en fausse piste, le tout au service d’un sens du réel semblant épouser naturellement les méandres d’une certaine mondialisation de l’imaginaire.
Par son énormité (la traduction française compte 1 353 pages !), son statut, son contenu, l’ultime roman-cosmos de Bolaño est impossible à résumer. Ses cinq parties peuvent se lire séparément. Elles se jouent entre l’Ancien et le Nouveau monde et s’étendent des lendemains de la première Guerre mondiale jusqu’à nos jours. L’univers tel que Bolaño le donne à voir paraît avoir son centre nulle part et sa circonférence partout. Ou alors, si centre il y a, celui-ci ne cesse de se dérober (Bolaño lui-même, dans ses notes, parlait d’un « centre secret »). La plupart des personnages semblent tenter de progresser, souvent à leur insu, vers un point de fascination magnétique où toutes les lignes du destin se croiseraient, où toutes leurs questions trouveraient leur réponse – mais ce point reste insaisissable.
Du moins, il paraît avoir une sorte d’équivalent, nommé et situable sur une carte : Santa Teresa, ville imaginaire inspirée de Ciudad Juárez (tristement célèbre pour la série barbare de viols et meurtres de femmes qui a fait plusieurs milliers de victimes depuis 1993). Les cinq sections de 2666 y convergent énigmatiquement. Le mouvement s’engage dans « la partie des critiques », où quelques universitaires se mettent en tête de retrouver Benno von Archimboldi, l’écrivain allemand sur lequel portent leurs recherches. Leur quête les conduit jusqu’à Santa Teresa. Elle inaugure une série de voyages, d’errances, de dérives sans lien apparent entre elles, qui toutes ramènent en terre mexicaine. Quel rapport entre les horreurs de Santa Teresa et celles de la deuxième Guerre mondiale, à laquelle le jeune Archimboldi participe sous l’uniforme du Reich ? Bolaño laisse ses lecteurs mener leur propre enquête, sans élucider explicitement la nature de la relation qui semble se nouer entre l’écriture (critique, journalistique, artistique) et le mal.
Julien Gosselin sait que l’œuvre, à l’image du réel qu’elle reflète, refuse toute réponse simple à ceux qui essaient de s’y orienter. Il sait aussi que la scène peut être à la taille d’un roman qui s’est voulu à la mesure du monde. Pour sa prochaine création au Phénix scène nationale Valenciennes en juin et présentée au Festival d’Avignon 2016, il rêve d’un spectacle foisonnant, débordant d’énergie, qui sera « pour le spectateur ce que 2666 est pour le lecteur, énorme, infini, jouissif, pénible parfois. Il y aura près de quinze acteurs au plateau, tour à tour musiciens, performeurs, narrateurs, personnages. Je veux réunir tous les outils nécessaires à la tentative de somme théâtrale que nous faisons ».
« 2666 est exemplaire. Stimulant. Si gai et si terrifiant. » Télérama, septembre 2016
« Un roman-monde avec ses répétitions, ses excès et ses obscurités, avec ses songes et sa magie. (...) Julien Gosselin tire le meilleur de cette brume dionisyaque qui embue l’épopée de Roberto Bolaño. Mieux, il lui donne de l’épaisseur durant les douze heures que durent ce spectacle stupéfiant. » Cédric Enjalbert, Philosophie Magazine, 22 août 2016
« Il fallait choisir, Julien Gosselin l’a fait, en suivant le fil narratif du roman. Les cinq parties, clairement annoncées, ne laissent aucun spectateur, même ceux qui n’ont pas lu 2666, sur le bord de la route. Toutes se déroulent dans un dispositif particulièrement réussi (mis en place par Hubert Colas), qui permet de traverser sans encombre les histoires et les continents. » Brigitte Salino, LeMonde.fr, 11 juillet 2016
« Le théâtre moderne de Julien Gosselin est images, sons, sensations, mais il est avant tout humain. Pas de jeux d'ego ici : impossible de départager les comédiens qui donnent tout, sans faillir, pendant les neuf heures trente minutes où ils sont en scène - changeant non seulement de peau, de voix, mais aussi de langue. (...) Le théâtre romanesque de Gosselin n'a plus de frontières, mixe tous les arts et toutes les histoires du monde. » Philippe Chevilley, LesEchos.fr, 11 juillet 2016
« On y allait dubitatif. Au bout de deux heures, on était conquis. (...) La mise en scène de Gosselin parvient à trouver des correspondances scéniques aux partis pris de l’ouvrage. Les coupes et les ajouts, le choix d’adopter la structure du livre - cinq parties autonomes dont les titres s’affichent - donne le rythme. On circule de manière fluide entre l’Europe des universitaires du début et le Mexique des trois parties suivantes » Guillaume Tion et Elisabeth Franck-Dumas, Libération, 10 juillet 2016
« Un combat pour les spectateurs, on pique quelque fois du nez, mais l’inventivité et la maitrise de Julien Gosselin nous ramènent toujours au centre de l’action. (...) une réflexion puissante sur la violence dans nos sociétés. » Stéphane Capron, Sceneweb.fr, 9 juillet 2016
« Une déferlante d’émotions. » Patrick Sourd, Les InRocks, 9 juillet 2016
J'ai vu le spectacle en intégrale il y a deux (ou trois ?) ans aux Ateliers Berthier. J'en ai gardé une impression inoubliable. J'avais auparavant lu et relu le roman de Bolano mais peu importe : l'équipe se l'est parfaitement approprié sur scène et a traduit l'essentiel. Si seulement il pouvait y avoir une piste audio disponible ou, mieux encore, une vidéo !
Excellent
un événement théâtral comme on en voit peu, ça interpelle, ça bouscule, ça dérange, avec une mise en scène inventive, un rythme incandescent, on sort sonné mais heureux d'y avoir participé.
excellent
Pour 7 Notes
J'ai vu le spectacle en intégrale il y a deux (ou trois ?) ans aux Ateliers Berthier. J'en ai gardé une impression inoubliable. J'avais auparavant lu et relu le roman de Bolano mais peu importe : l'équipe se l'est parfaitement approprié sur scène et a traduit l'essentiel. Si seulement il pouvait y avoir une piste audio disponible ou, mieux encore, une vidéo !
Excellent
un événement théâtral comme on en voit peu, ça interpelle, ça bouscule, ça dérange, avec une mise en scène inventive, un rythme incandescent, on sort sonné mais heureux d'y avoir participé.
excellent
Transformer une œuvre poétique fleuve en théâtre filmé est un pari. Le résultat n'est pas si convaincant que pour "Les particules élémentaires". On est parfois assommé par la déferlante des sons et des images. Margre la performance des acteurs, la poésie passe davantage par les phrases qui s'inscrivent sur l'écran que par le texte des dialogues. L'art de la coupure est chose difficile... Trop, c'est trop!
Original, engagement exceptionnel des acteurs sur une œuvre immense dont ils donnent à entendre des passages fulgurants de profondeur et d'horreurs.
Spectacle hors du commun, mélange entre théâtre et film qui plonge le spectateur dans une intrigue haletante, parfois oppressante. Sa durée en fait une oeuvre de longue haleine autant pour le spectateur que les acteurs. A faire en deux fois plutôt qu'une. Le coeur ne tient pas l'avant dernier acte.
8, boulevard Berthier 75017 Paris
Entrée du public : angle de la rue André Suarès et du Bd Berthier.