Ces deux pièces courtes de Maeterlinck sont des petits joyaux du répertoire. Avec un sens aigu de l’espace, le metteur en scène Tommy Milliot se saisit de la beauté de la langue et du paysage sonore qu’elles rescellent dans un spectacle immersif où tout converge vers les mystères de l’invisible.
Fer de lance du symbolisme belge, Maeterlinck a construit dans un style dépouillé un univers cultivant notamment le mystère et l’invisible. C’est la limpidité de la langue et le brio de la dramaturgie qui ont séduit Tommy Milliot, nouveau directeur du Centre dramatique national de Besançon, metteur en scène et scénographe adepte des écritures d’aujourd’hui, qui a notamment monté en 2020 à la Comédie-Française Massacre de Lluïsa Cunillé qui n’avait alors jamais été jouée en France. Il présente cette saison en diptyque ces petits chefs-d’œuvre de son compatriote belge, dans un décor en mouvement qui accueillera ces deux plans séquences.
Ces pièces d’atmosphère jouent sur la peur de l’inconnu, comme une parabole de notre monde contemporain.
Dans la première, un aïeul aveugle est le seul de la famille à sentir approcher, rôdant dans le jardin, la mort de la jeune mère malade. Dans la seconde, l’attente prend lieu au milieu d’une forêt où un groupe d’aveugles est perdu, sans plus aucun repère depuis que leur guide a subitement disparu. À la clairvoyance de l’aïeul aveugle de la première pièce succède l’espoir né d’un bébé dans les bras de sa mère.
Avec un sens aigu de la scénographie, Tommy Milliot entend mettre à profit les multiples sensations sonores émanant du texte : la force de la théâtralité de Maeterlinck ouvrant la possibilité, au sein des histoires qu’il raconte, d’une immersion du public. Dans ce monde où plane un mystère, il suspend l’attention au bruit de pas que l’on entend dans un jardin, au rossignol qui cesse de chanter, au tintement de cloches, au souffle du vent dans les feuilles des arbres.
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