« Parce que, le diable me prenne, c’est une affaire qui vous fait du tracas, le mariage ! », s’exclame au début de la pièce Kapilotadov, éternel célibataire en quête d’un bon parti.
Acculé au mariage par convention sociale, par vénalité aussi, le jeune homme fait appel aux services de Fiokla Ivanovna, une marieuse menteuse et manipulatrice qui lui présente, en même temps qu’à quatre autres hommes, la fille, nigaude, d’un marchand, Agafia Agafonovna.
« Cette aventure parfaitement invraisemblable en deux actes », selon l’expression de Gogol, conduit les prétendants à une sorte de démence verbale qui frôle à l’absurde. Jeux de mots, propos grivois, mécanique désopilante, tels sont les ingrédients qui composent Le Mariage. Cette comédie sur le rien fustige, par la seule force du rire, la vacuité et la vanité de l’homme.
C’est en travaillant avec des équipes d’artistes de pays et de cultures différents, que j’ai compris l’intérêt de créer un langage physique commun, comme un ciment de création. Les dix années passées avec Simon Mc Burney pour le Théâtre Complicité m’ont formée à la pratique de création en collectif, comme mes collaborations avec Peter Brook. Les répétitions débutent par des improvisations dirigées où chaque comédien investit le projet avec sa personnalité, s’impliquant physiquement avant d’aborder concrètement le texte.
La création du Mariage avec les Comédiens-Français est un carrefour d’échanges, entre leur technique, leur maîtrise du texte et la démarche expérimentale que je propose. Pour continuer à construire ensemble un imaginaire autour de la pièce, je nourris progressivement les comédiens de mes diverses sources d’inspiration, des tableaux, des photos, des films, des textes…
Ma fascination pour le cinéma muet, Buster Keaton et Charlie Chaplin, sont ici des références incontournables pour comprendre la mécanique du comique de situation. Elle permet selon moi de trouver le rire juste. C'est-à-dire un rire spontané, déclenché par une situation ordinaire qui dégénère, où les personnages sont pris dans un engrenage, sans issue possible.Le décor donne une place essentielle à l’engagement physique dans la dramaturgie. J’ai voulu une structure imposante mais mobile et très légère, manipulable par les acteurs. Elle leur permet de passer constamment d’un univers à l’autre, du masculin au féminin.
« La troupe du Français, enrichie d'un Laurent Lafitte très à son aise dans ce spectacle aussi russe qu'abracadabrantesque, possède un fabuleux talent comique. La mise en scène de Lilo Baur amène le public aux confins de l'apoplexie par le rire. » L’Express
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