Il y aura d’abord eu Ithaque, une pièce deux en un dans laquelle, sur l’île d’origine d’Ulysse, comme sur celle de Calypso, la fête ne cache pas vraiment la bassesse humaine et les jeux de pouvoir des politiciens véreux. L’eau monte sur scène, violente les corps et s’offre comme un écho à la réalité, plus contemporaine, des disparitions quotidiennes en Méditerranée.
Là où le premier chapitre de Notre Odyssée abordait cette urgence politique contemporaine par une théâtralité férocement assumée et un encrage mythologique, le second prend le contre-pied. Christiane Jatahy a parcouru le monde à la recherche d’Ulysse, bien réel cette fois. En Palestine, dans les camps de réfugiés du Liban et en Grèce, à Johannesburg ou dans la forêt amazonienne brésilienne, elle a armé hommes et femmes des vers d’Homère, pour qu’ils disent leur insoutenable réalité à travers les mots du poète. Ce sera une fiction, hurlante de vérité.
« Christiane Jatahy révolutionne les modes d'expression comme la relation au public. Il faut la voir orchestrer dans un coin, et d'une poigne de fer, le cours de spectacles festifs apparemment désordonnés, tout en sachant y libérer, y magnifier les émotions du public comme celles de ses acteurs. » Fabienne Pascaud, Télérama TTT
« Triomphantes, attaquées, bafouées, malmenées, mises à mal, les femmes sont toujours les héroïnes centrales des créations de Christiane Jatahy. [...] Mais les femmes suffiront-elles à sauver un monde au bord du gouffre ? » Guillaume Lasserre, Mediapart
« Les images sont presque toutes bouleversantes. Les efforts de la metteuse en scène et des acteurs présents dans la salle pour nous faire entrer dans le film, partager le vécu de ses Ulysse également. » Philippe Chevilley, Les Échos, 7 juillet 2019.
Artiste associée au Centquatre-Paris, Christiane Jatahy est née à Rio de Janeiro. Metteure en scène et réalisatrice, elle imagine des dispositifs aux frontières du théâtre, du cinéma et de l’installation pour remettre en cause le rapport frontal et traditionnel entre une œuvre et son public et brouiller les frontières entre réalité et fiction. Après s’être emparée de Strindberg (Julia, 2012) et de Tchekhov (Les trois sœurs, devenu What if they went to Moscow ?, 2015), elle se tourne vers Homère et s’inspire de L’Odyssée pour Ithaque (2018) et Le présent qui déborde. Son adaptation de La Règle du jeu, le film culte de Jean Renoir, est entrée au répertoire de la Comédie-Française en 2017.
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