“Présent et passé ne font qu’un, n’est-ce pas ? Et le futur aussi.”
Au plus près de ses propres blessures, O’Neill taille dans les souvenirs sombres de son histoire familiale pour composer cette oeuvre à fleur de peau d’un étrange lyrisme, “ourdie de vieux chagrin”, traversée d’affects contradictoires et mouvants, émaillée des lambeaux des poèmes qui accompagnèrent sa jeunesse. Les personnages qui la hantent ne sont autres que sa mère, son père, son frère, et lui-même : Edmund, son double - prénom emprunté à un jeune frère mort deux ans avant sa naissance.
De l’aube à minuit, sous l’effet progressif de la drogue et de l’alcool, ils vont tour à tour s’accuser, se pardonner, se flageller, s’étreindre, se déchirer, luttant désespérément contre les fantômes obsédants de leur passé. O’Neill est le seul survivant de ce quatuor lorsqu’il entreprend, en 1941, l’écriture de ce long poème nocturne. Prenant au pied de la lettre l’exergue dans lequel il confesse avoir enfin “le courage d’affronter ses morts”, Célie Pauthe aimerait faire apparaître cet affrontement dans le temps de la représentation. Dans la mémoire du poète, les morts sont là, bien vivants, encore tout pleins de leurs espoirs inassouvis, peu enclins à laisser oublier de quel complexe héritage nous sommes faits, à quelle fatalité il faut s’arracher pour tenter de devenir soi.
Dans cette pièce, O'Neill, pénètre dans la nature même de l'existence humaine. Cette compréhension de la vie humaine apparait comme un long voyage solitaire et douloureux du jour vers une nuit qui nous fascine autant qu'elle nous repousse.
Après avoir terminé Le marchand de glace est passé, j’ai commencé une pièce qui ne fait pas partie du Cycle non plus, Long voyage du jour à la nuit – qui n’a rien à voir avec l’actuelle crise mondiale comme son titre pourrait le suggérer – c’est l’histoire d’une journée, huit heures du matin à minuit, dans une famille de quatre – père, mère, et deux fils – en 1912 – une journée pendant laquelle arrivent des événements qui font surgir tout le passé de la famille et qui révèlent chaque aspect de leurs relations.
Une pièce profondément tragique, mais sans aucune action violente. Quand le rideau tombe, ils sont encore là, enchaînés l’un à l’autre par le passé, chacun d’eux coupable et en même temps innocent, méprisant, aimant, plaignant l’autre, comprenant et ne comprenant pas du tout, pardonnant, mais cependant condamné à ne jamais pouvoir oublier.
Eugene O’Neill
Lettre à Georges Nathan, 15 juin 1940, trad. Françoise du Chaxel,
Cahiers de la Comédie-Française, n°21, 1996
A ne pas manquer.
Quelques longueurs sont cependant à souligner mais sur 3h40 de spectacle, l'écueil était sans doute inévitable. La seconde partie de la pièce récompense amplement notre patience : des forces et des fragilités brutes mises à nues sur le plateau. On goûte l'écriture de O'Neill mêlée à celle de Baudelaire et de Shakespeare, un délice. Humour et tendresse apparaissent aussi avec justesse et tous ces êtres dans le brouillard témoignent des rapports familiaux si cruellement ambivalents. Un intense voyage du jour à la nuit.
Début de commentaire C'est l'histoire d'une famille que l'on suit pendant une journée. "Une journée pendant laquelle arrivent des évènements qui font surgir tout le passé". C'est une histoire pleine d'humanité jouée avec une rare intelligence. Les êtres y sont multiples, à la fois dans un désir de changement et dans l'impossibilité de le faire naître. Nous assistons à des affrontements familiaux d'une profonde intensité où se cristallisent haine et amour, pardon et impossibilité d'oublier.
A ne pas manquer.
Quelques longueurs sont cependant à souligner mais sur 3h40 de spectacle, l'écueil était sans doute inévitable. La seconde partie de la pièce récompense amplement notre patience : des forces et des fragilités brutes mises à nues sur le plateau. On goûte l'écriture de O'Neill mêlée à celle de Baudelaire et de Shakespeare, un délice. Humour et tendresse apparaissent aussi avec justesse et tous ces êtres dans le brouillard témoignent des rapports familiaux si cruellement ambivalents. Un intense voyage du jour à la nuit.
Début de commentaire C'est l'histoire d'une famille que l'on suit pendant une journée. "Une journée pendant laquelle arrivent des évènements qui font surgir tout le passé". C'est une histoire pleine d'humanité jouée avec une rare intelligence. Les êtres y sont multiples, à la fois dans un désir de changement et dans l'impossibilité de le faire naître. Nous assistons à des affrontements familiaux d'une profonde intensité où se cristallisent haine et amour, pardon et impossibilité d'oublier.
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