Un kaléidoscope en deux volets : Hôtel Métamorphoses, une suite de tableaux contemporains inspirée par Ovide, puis Le Songe d’une nuit d’été, un sommet de la comédie élisabéthaine. Une façon radicale de confronter le théâtre qui reste à faire avec le théâtre déjà fait.
Le Songe d’une nuit d’été semble lui-même composé de plusieurs pièces. Face à ses « hybridations hasardeuses », Guillaume Vincent assume la « schizophrénie » shakespearienne, au point de faire croire à trois œuvres abordées « par trois metteurs en scène différents ». Une première pièce, celle des jeunes amants, est encadrée et pilotée par deux autres intrigues – celle des nobles, celle des fées – tout en étant traversée par une seconde pièce : celle des artisans. Les nobles, Thésée en tête, incarnent l’ordre diurne de la société humaine, qui contraint les amants à prendre la fuite dans les profondeurs de la forêt. Les fées, sur lesquelles règnent Obéron et Titania, sont les puissances nocturnes qui président à la fécondité de la grande Nature. Quant aux artisans, ils préparent en grand secret un spectacle en l’honneur du mariage de Thésée, leur noble duc. Tout se passerait comme prévu – les amants s’enfuiraient ensemble, les artisans répéteraient – si un farceur surnaturel ne s’en mêlait : l’insolent Puck, télescopant les styles et semant le chaos chez les uns et les autres...
Guillaume Vincent ne s’en est pas tenu à ce joyeux désordre. La pratique théâtrale de ces amateurs passionnés que sont les artisans de Shakespeare l’a renvoyé à ses propres expériences dans des ateliers qu’il a animés en milieu scolaire ou carcéral. Il sait que dans le théâtre amateur, « l’art n’est pas le seul but ». Ici, « le cadre est aussi important que le tableau » : le théâtre amateur est un lieu où « guérir, calmer, apaiser, éduquer ». Et où rêver, peut-être : pourquoi serait-ce un privilège réservé aux fous, aux amoureux et aux poètes ? Pour faire certains songes, il faut en tout cas y croire un peu. Accepter que le réel et l’imaginaire dérapent l’un dans l’autre.
Le théâtre de Guillaume Vincent célèbre donc les noces incertaines de la réalité et de la fiction en passant librement d’une forme, d’un style à l’autre. Puisant aux mêmes sources ovidiennes que Le Songe, Hôtel Métamorphoses ajoute sa touche de troublante fantaisie aux licences shakespeariennes en invitant des figures d’aujourd’hui à explorer des destins antiques, à s’interroger sur l’incarnation, la représentation, et sur leur rapport à leur propre identité. Des écoliers interprètent l’histoire de Narcisse et d’Écho ; des lycéens travaillent sur le mythe de Myrrha ; Procné et Philomèle sont les victimes d’un crime tout à fait contemporain... Première partie sinueuse comme les Mille et une nuits, cette suite de « variations sur le thème du théâtre amateur » est une ode à la gloire du théâtre et de ses alchimies.
Les Métamorphoses de Guillaume Vincent, librement inspiré d’Ovide
Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare, traduit par Jean-Michel Déprats
« Il serait cependant injuste de ne citer que Gérard Watkins : tous les acteurs de ce spectacle dense, ambitieux et néanmoins hyper accessible, sont captivants. En particulier (...) Florence Janas (...) et Emilie Incerti Formentini. » Anne Diatkine, Libération, 4 mai 2017
« La forme flamboyante n’empêche pas d’aborder les questions de fond : l’âpreté de l’existence, l’art et l’amour qui transcendent les genres, la violence des sentiments… Le metteur en scène insuffle une envie sauvage à ses comédiens, tous excellents. Quand le théâtre se pare d’habits de fée, que vie et rêve se confondent sur scène, on ne peut qu’applaudir à tout rompre. Et se rendre à l’évidence : Guillaume Vincent est de l’étoffe des grands. » Philippe Chevilley, Les Echos
« Ce qui fait la réussite de ce « Songes et métamorphoses » […] : on y prend à bras-le-corps la joie, l’amour, la tristesse ou la colère, et on nous permet alors d’y expérimenter ensemble, à travers ce long, ambitieux et généreux geste artistique, l’étrangeté jouissive du théâtre, qui est aussi celle d’être amoureux : cette douce sensation de bêtise, de se laisser volontairement emporter par ce qui est peut-être une illusion, qui nous fragilise et nous ahurit un peu, mais nous fait nous sentir pleins. » Youssef Ghali, I/O Gazette des festivals
Pourquoi cette tendance répétitive du théâtre de l'Odéon à proposer des spectacles boursoufflés? L'idée de compléter la fantaisie de Shakespeare avec des tableaux issus de l’œuvre d'Ovide se tient. Amour troublés, amours interdits, amours ambigus, le fil rouge est là. Dès le départ, l'irruption de collégiens interprétant Narcisse et Echo donne le ton, et la classe de lycéens s'emparant du mythe de Myrrha avec une verve contestataire est contagieuse dans son élan. Vient ensuite un tableau si fugitif d'hermaphrodite qu'on se demande s'il ne s'agit pas là plutôt d'ouvrir un cabinet de curiosité à l'attention de quelques centaines de voyeurs improvisés. Le spectacle commence ensuite à patiner et seuls les prologues, assez réussis, et le monologue émouvant de la femme de ménage, parviennent à nous sortir de la torpeur qui nous envahit. L'entracte arrive comme un soulagement. S'ouvre le songe sur un duo de chanteuse enivrantes, un moment de féérie alors que la nuit d'été s'avance. Hélas, la suite n'est que déclamations de comédiens les bras ballants, où les petites culottes viennent à l'appui d'une mise en scène soudain défaillante, comme si le théâtre amateur du premier acte s'était emparé du second. Heureusement, Puck, de sa démarche déhanchée parvient à lui seul à nous maintenir en éveil jusqu'au final, hilarant, de la prise de pouvoir du théâtre vivant sur la scène. Finalement ne sont à retenir que tous les passages qui sortent du cadre : c'eut été une tout autre pièce, bien moins longue et bien plus réussie...
inventif talentueux,, un vrai plaisir de théatre.
Excellent. Une pure merveille.
A partir des textes d'Ovide, une partition d'une franche liberté, et souvent déjantée, où l'on rit souvent. Quelques longueurs cependant ce qui est presque normal dans un spectacle de quatre heures. En somme, il aurait pu être plus court. J'ai trouvé par exemple que les passages chantés apportaient peu. C'est là où j'ai eu le moins de plaisir. Pour le reste, c'est assez irrésistible, terriblement bien joué et avec beaucoup d'inventions de pure drôlerie. Je recommande.
Pour 7 Notes
Pourquoi cette tendance répétitive du théâtre de l'Odéon à proposer des spectacles boursoufflés? L'idée de compléter la fantaisie de Shakespeare avec des tableaux issus de l’œuvre d'Ovide se tient. Amour troublés, amours interdits, amours ambigus, le fil rouge est là. Dès le départ, l'irruption de collégiens interprétant Narcisse et Echo donne le ton, et la classe de lycéens s'emparant du mythe de Myrrha avec une verve contestataire est contagieuse dans son élan. Vient ensuite un tableau si fugitif d'hermaphrodite qu'on se demande s'il ne s'agit pas là plutôt d'ouvrir un cabinet de curiosité à l'attention de quelques centaines de voyeurs improvisés. Le spectacle commence ensuite à patiner et seuls les prologues, assez réussis, et le monologue émouvant de la femme de ménage, parviennent à nous sortir de la torpeur qui nous envahit. L'entracte arrive comme un soulagement. S'ouvre le songe sur un duo de chanteuse enivrantes, un moment de féérie alors que la nuit d'été s'avance. Hélas, la suite n'est que déclamations de comédiens les bras ballants, où les petites culottes viennent à l'appui d'une mise en scène soudain défaillante, comme si le théâtre amateur du premier acte s'était emparé du second. Heureusement, Puck, de sa démarche déhanchée parvient à lui seul à nous maintenir en éveil jusqu'au final, hilarant, de la prise de pouvoir du théâtre vivant sur la scène. Finalement ne sont à retenir que tous les passages qui sortent du cadre : c'eut été une tout autre pièce, bien moins longue et bien plus réussie...
inventif talentueux,, un vrai plaisir de théatre.
Excellent. Une pure merveille.
A partir des textes d'Ovide, une partition d'une franche liberté, et souvent déjantée, où l'on rit souvent. Quelques longueurs cependant ce qui est presque normal dans un spectacle de quatre heures. En somme, il aurait pu être plus court. J'ai trouvé par exemple que les passages chantés apportaient peu. C'est là où j'ai eu le moins de plaisir. Pour le reste, c'est assez irrésistible, terriblement bien joué et avec beaucoup d'inventions de pure drôlerie. Je recommande.
la mise en correspondance des deux auteurs est une très bonne idée ! et la durée du spectacle également, cela favorise l'installation dans l'imaginaire. Approche qui met en valeur les textes tout en étant pleine d'humour. Très bonne idée aussi de nous livrer des passages de Shakespeare en anglais pour donner à entendre la différence entre les deux langues théâtrales... d'ailleurs l'apport d'acteurs anglophones aurait été souhaitable. Bravo à la réécriture, à la mise en scène et aux comédiens ! Signé : un vieux fan du Midsummer Night's Dream
du très beau théâtre avec cette correspondance entre entre les deux textes, les deux auteurs, les deux époques. Ovide et Shakespeare. Les acteurs sont très bons et la mise en scène de Guillaume Vincent intelligente leur donne la possibilité de montrer tous leurs talents de comédiens et de chanteurs.
c'est un spectacle plein de féérie, de magie avec tout de même beaucoup de gravité. les acteurs sont tous excellents. mention particulière à Elsa Agnès qui est très émouvante, Gérard Watkins pour ce puk si facétieux et Emilie Incerti-Formentini pour la présence qu'elle dégage
8, boulevard Berthier 75017 Paris
Entrée du public : angle de la rue André Suarès et du Bd Berthier.