Opéra chanté en allemand, surtitré en français et en anglais.
Dès les premières mesures du prologue, on est frappé par la vertigineuse invention du compositeur, jamais démentie d’ailleurs jusqu’à la fin de l’ouvrage. A l’origine sans doute de cette réussite, le livret de Hoffmansthal, qui utilise avec subtilité l’artifice du théâtre dans le théâtre. Strauss et son librettiste font en effet se confronter le « parlé » et le « chanté » sous prétexte de l’organisation d’une représentation d’un petit opéra (celui-là même qui porte le nom d’Ariane à Naxos) et d’un divertissement dans le style Commedia dell’arte. Les deux troupes convoquées rivalisent alors en débats esthétiques et saillies amoureuses qui viendront sans cesse pimenter les préparatifs puis la représentation. Mais tout cela est aussi l’occasion de porter à son comble l’idée de virtuosité vocale (on évoquera pour seul exemple le célèbre air de Zerbinetta… 11 minutes de pure invention lyrique), le tout servi par la somptuosité orchestrale d’un Strauss à l’apogée de ses moyens de composition. Délice des sens assuré.
Pour cette « mise en abîme » à laquelle nous convient Strauss et Hofmannsthal, nous retrouvons Jérémie Rhorer, cette fois-ci au pupitre de l’Orchestre de chambre de Paris (formation dite « à la Mozart » qui trouve dans cet opéra de chambre à l’indéniable parfum classique toute son évidente vocation) et une distribution qui devrait faire merveille, notamment l’immense straussienne qu’est la soprano finlandaise Camilla Nylund, le ténor Roberto Saccà, lui aussi un habitué de l’univers du maître viennois, les délicieuses Olga Pudova et Kate Lindsey et le parfait maître de musique Jean-Sébastien Bou.
Plusieurs collaborations récentes avec le Festival d’Aix-en-Provence ont permis d’apprécier toute la richesse du travail dramaturgique et de direction d’acteur de la britannique Katie Mitchell. Cette nouvelle production d’Ariane a été présentée en juillet 2018 dans le cadre du Festival d’Aix.
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