Retour aux sources pour Castor et Pollux, tragédie lyrique de Jean‑Philippe Rameau créée en 1737 à l’Académie royale de Musique et inspirée par l’épisode de la mythologie des Gémeaux. Si cet opéra célèbre l’amour fraternel, il pose une question essentielle aux yeux du metteur en scène Peter Sellars : comment stopper une guerre et ses corollaires, la haine et le ressentiment ? Spectacle en français, surtitré en français et en anglais.
Spectacle en français, surtitré en français et en anglais.
Dans la mythologie antique, Castor et Pollux sont deux frères jumeaux, fils de Léda. Le premier est issu de son époux, Tyndare roi de Sparte, donc un héros mortel, tandis que Pollux est fils de Jupiter, et par conséquent un semi-dieu ayant droit à l’immortalité. Pollux n’arrivant pas à surmonter la mort de son frère tué à la guerre, il va le chercher jusqu’aux Enfers. Son père Jupiter offrira aux deux l’immortalité et une place au firmament, formant ainsi la constellation des Gémeaux.
Si l’œuvre connut deux versions, Peter Sellars approche Castor et Pollux en faisant le choix de revenir à sa version d’origine de 1737, rétablissant son Prologue célébrant le processus de paix entre l’Autriche et la France. Pour Peter Sellars, ce Prologue n'est pas qu'une pièce de circonstance : son contenu politique, moral et spirituel donne à l’œuvre son cadre, son urgence. Dès ses premières notes, ses premiers mots, la tragédie lyrique de Rameau pose une question qui n’a rien perdu de sa pertinence : comment mettre fin à la guerre ?
C’est à la tête de l’Orchestre et du Chœur Utopia que le chef Teodor Currentzis fera ses débuts dans la fosse du Palais Garnier. Fondé en 2022, l’orchestre rassemble des musiciens venus d’une douzaine de pays, et compte dans ses rangs plusieurs musiciens de l’Orchestre de l’Opéra de Paris. Peter Sellars retrouve en Teodor Currentzis un fidèle collaborateur : Iolanta de Tchaïkovski, Perséphone de Stravinsky, The Indian Queen de Purcell, La Clémence de Titus et Idoménée de Mozart sont au nombre de leur réalisations communes.
Les chorégraphies seront confiées au danseur de flex dance Cal Hunt. Née à Brooklyn et inspirée par des danses jamaïcaines autant que par la culture hip hop, la flex dance est reconnaissable à ses pauses, ses mouvements glissés, aux contorsions et aux fractures qui traversent le corps des interprètes.
Costumes : Camille Assaf
Lumières : James F. Ingalls
Vidéo : Alex MacInnis
Dramaturgie : Antonio Cuenca Ruiz
Chef des Chœurs : Vitaly Polonsky
Orchestre et Chœurs Utopia
Castor et Pollux n’a pas connu de nouvelle production à l’Opéra de Paris depuis 1918. C’est pourtant l’une des œuvres les plus populaires de Rameau, en particulier depuis que celui-ci, après un succès modeste lors de sa création en 1737, l’a remaniée en 1754.
Aujourd’hui, Peter Sellars approche Castor et Pollux en faisant le choix de revenir à sa version d’origine, en conservant notamment son Prologue habituellement coupé. Outre l’impeccable construction dramatique et musicale du premier acte originel, le Prologue de 1737 offre certaines des pages les plus inspirées du compositeur – qui lui-même en convenait, attendu qu’il réemploya certaines parties de ce Prologue dans des versions ultérieures où celui-ci faisait défaut. Le Prologue, qui célèbre le processus de paix mettant un terme à la Guerre de Succession de Pologne opposant l’Autriche et la France, est communément vu comme un pièce de circonstance, et à ce titre supprimé. Pour Peter Sellars, le Prologue de Castor et Pollux et son contenu (politique, moral, spirituel) sont cependant tout sauf contingents. Ils donnent à l’œuvre son cadre, son urgence.
Dès ses premières notes, ses premiers mots, la tragédie lyrique de Rameau pose une question qui n’a rien perdu de sa pertinence : comment mettre fin à la guerre ? À la lumière de cette question, l’aventure de Pollux peut être vue comme celle d’un douloureux mais nécessaire chemin où les pertes et la finitude sont acceptées, un chemin le long duquel le héros s’extraie du cycle de violence sur lequel s’ouvre le premier acte.
Castor et Pollux ressemble à un parcours initiatique où les personnages sont confrontés à la mort et au silence, un parcours où ceux-ci renoncent à la revanche qui les anime et triomphent de nombreuses épreuves par la force de leur vertu et leurs mérites. En cela, l’opéra de Rameau peut être vu comme un précurseur de La Flûte enchantée de Mozart. Si celui-ci s’achève par le triomphe du soleil que célèbre le prêtre Sarastro, celui-là se conclut sur les vœux de Jupiter, qui somme l’astre du jour de « redoubler encore [sa] lumière » et de répandre sa nécessaire clarté sur un monde encore trop enténébré.
Ce n’est donc pas un hasard si, pour Castor et Pollux, Peter Sellars retrouve un fidèle collaborateur, un chef d’orchestre dont l’un des disques les plus remarqués et acclamés a pour titre Rameau, the Sound of Light [Rameau, le son de la lumière] : Teodor Currentzis. Iolanta de Tchaïkovski, Perséphone de Stravinsky, The Indian Queen de Purcell, La Clémence de Titus et Idoménée de Mozart : ces précédentes et mémorables collaborations du tandem Sellars/Currentzis augurent un Rameau à fleur de peau, aussi intense qu’original.
Avec Castor et Pollux, Peter Sellars retrouve également un autre collaborateur de longue date, le danseur et chorégraphe Cal Hunt. En 2015, celui-ci faisait partie de la troupe de FlexN, une création qui a fait connaître au monde entier la flex dance. Née à Brooklyn et inspirée par des danses jamaïcaines autant que par la culture hip-hop, la flex dance est reconnaissable à ses pauses, ses mouvements glissés, aux contorsions et aux fractures qui traversent le corps des interprètes. Par ces mouvements tantôt fluides, tantôt fulgurants, les corps des danseurs flex se font les témoins incarnés de la brutalité et des injustices qui secouent notre monde.
Castor et Pollux commence dans l’affliction et le deuil, avant de s’achever sur l’apparition d’une constellation célébrant la paix retrouvée et la fraternité. Peter Sellars conçoit un spectacle où le public embrasse d’un regard la vie humaine et l’univers, un spectacle où cohabitent les destins individuels et l’ordre cosmique. Dans le projet du metteur en scène, la vie d’un appartement modeste et familial coexiste avec la vision surplombante de Jupiter, qui observe la Terre depuis la galaxie.
L’opéra se conclut par un appel de Jupiter aux « feux divers » dont le lumières participent à une grande « fête de l’univers ». La musique de Rameau engage ainsi à prendre de la hauteur, elle incite à chercher de nouveaux astres, elle confronte à la nécessité d’illuminer toutes celles et ceux encore maintenus dans l’ombre – et ce jusqu’à ce que la planète elle-même chante.
Antonio Cuenca Ruiz
Place de l'Opéra 75009 Paris
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