Spectacle en allemand, surtitré.
Elisabeth ne veut plus vivre aux crochets de son de père. Elle ne veut plus dormir sur le canapé du salon. Elle ne veut plus entendre les reproches de sa belle-mère. Elisabeth a un plan : gagner sa vie comme représentante en soutiens-gorge, gaines et articles similaires. Mais la concurrence est rude en ces temps de crise. Interdiction d’exercer sans carte professionnelle. Qu’à cela ne tienne. Pour se payer cette carte, Elisabeth a un plan : vendre son corps à l’Institut d’anatomie.
Comme elle est jeune, l’Institut risquerait d’attendre longtemps. Mais le destin vous joue parfois de curieux tours. Et chemin faisant, Horváth nous aura montré comment une société tout entière fonctionne – ou plutôt comment elle déraille… Pour sa quatrième mise en scène de son auteur de prédilection, Christoph Marthaler a choisi d’aborder la pièce qu’il préfère entre toutes.
Dans le cadre du Festival d'Automne à Paris.
LE PRÉPARATEUR. Je suis le préparateur. Vous pouvez vous confier à moi sans crainte.
Un silence.
ELISABETH. C’est que… on m’a dit qu’ici on pouvait vendre son corps. Absolument. Je veux dire que, quand je serai morte, ces messieurs pourront faire de mon cadavre ce qu’ils voudront, au profit de la science… Sauf que je toucherai l’argent tout de suite. Maintenant.
LE PRÉPARATEUR. Jamais entendu ça.
ELISABETH. Puisqu’on me l’a dit, absolument.
LE PRÉPARATEUR. Qui donc ?
ELISABETH. Une collègue.
LE PRÉPARATEUR. Qu’est-ce que vous faites comme métier ?
ELISABETH. En ce moment, pour dire la vérité, je n’ai pas de travail. Il paraît que ça va encore empirer. Mais je ne lâche pas pied.
Un silence.
LE PRÉPARATEUR. Vendre sa propre dépouille… Qu’est-ce que les gens ne vont pas inventer.
ELISABETH. On n’a pas envie que ça continue comme ça éternellement.
LE PRÉPARATEUR. Quelle aberration…
Il extrait de sa poche un sachet de graines pour les oiseaux et donne à manger aux pigeons qui s’élancent du toit du Laboratoire d’Anatomie – ils connaissent le préparateur si bien qu’ils se posent sur son épaule et lui mangent dans la main.
8, boulevard Berthier 75017 Paris
Entrée du public : angle de la rue André Suarès et du Bd Berthier.