Hortense, fille du Comte, doit incessamment épouser Rosimond, venu avec sa mère, la Marquise, pour le mariage, dans la propriété du comte à la campagne. Mais Hortense est inquiète : elle n’épousera Rosimond que si, avec l’aide de sa suivante Marton, elle parvient à le corriger de ses ridicules façons de petit-maître et à lui faire avouer qu’il l’aime.
Frontin, valet de Rosimond, et jusque-là zélé imitateur de son maître, est promptement converti au naturel par Marton dont il tombe amoureux, et devient l’allié des deux jeunes femmes dans le projet de corriger son maître. Pour piquer l’amour propre de Rosimond, et le faire réagir, Hortense lui demande d’abord de différer le mariage parce qu’ il faut s’aimer un peu quand on s’épouse, et qu’ils ne s’aiment pas.
Rosimond n’a pas le temps de répondre vraiment quand arrivent la comtesse Dorimène,avec laquelle Rosimond a lié une petite affaire de cœur, et Dorante, le meilleur ami de Rosimond. Dorimène, qui s’était annoncée par une lettre, malencontreusement perdue par Rosimond, n’a d’autre dessein en arrivant que de rompre le mariage projeté, qui lui déplaît. Les trois parisiens recréent immédiatement entre eux les jeux amoureux, précieux et libertins en vogue dans la capitale, sous les yeux médusés d’Hortense, courtisée par Dorante avec l’aveu de Rosimond.
Mais, s’il semble heureux de ces jeux, Rosimond n’en est pas moins inquiet d’avoir perdu la lettre de Dorimène, dans laquelle il est cavalièrement question d’Hortense. Quant il apprend que Marton l’a trouvée et que le Comte et Hortense l’ont lue, il demande à Marton de soutenir qu’elle ne lui était pas adressée. Sommé par Dorante et par Dorimène de choisir entre elle et Hortense, forcé à s’expliquer sur la lettre perdue par le Comte et la Marquise, Rosimond se dérobe, plaisante et nie, jusqu’à ce qu’Hortense lui fasse avouer la vérité en demandant le témoignage de Marton, qui, dans ces circonstances, n’ose pas mentir et déclare que la lettre était bien adressée Rosimond.
La Marquise, furieuse, renie son fils. Dorimène, qui se prétend compromise par le scandale, exige le mariage. Rosimond, désemparé, obtient un entretien d’Hortense, mais s’y exprime encore en petit-maître, et Hortense est tout près de rompre. C’est finalement Frontin et Marton qui font enfin prendre conscience à Rosimond de ses ridicules et de son amour.
Il demande pardon à Hortense, renonce à elle parce qu’il se juge indigne de l’épouser, et a le courage de lui déclarer qu’il l’aime en présence de Dorimène. Cet aveu, auquel il s’était jusqu’alors refusé, amène l’heureux dénouement.
« C’est un plaisir rare qu’offre la Comédie-Française en cette fin d’année : celui de la découverte d’une pièce totalement méconnue de Marivaux, qui plus est mise en scène avec vivacité et élégance par Clément Hervieu-Léger et portée par une distribution éblouissante. » Fabienne Darge, Le Monde, 26 décembre 2016
Un Marivaux inédit
En 1733, quand Marivaux termine Le Petit-maître corrigé, c’est un auteur reconnu, qui brigue avec légitimité un fauteuil à l’Académie française. Il vient de publier La Vie de Marianne et les quatre premiers livres du Paysan parvenu. Ses dernières pièces jouées, L’Heureux Stratagème et La Méprise ont remporté un très gros succès à la Comédie-Italienne.
Espérant sans doute effacer le souvenir de l’échec des Serments indiscrets, très mal reçus deux ans auparavant, il offre en 1734 Le Petit-Maître corrigé aux Comédiens-Français. La pièce est immédiatement reçue et mise en répétitions. Le 6 novembre, c’est la première. Un échec cuisant. Le lendemain, 7 novembre, l’accueil n’est pas plus favorable. La pièce est retirée de l’affiche pour deux siècles ! Notre première du 3 décembre prochain sera la 3e représentation de la pièce à la Comédie-Française.
Les spécialistes de Marivaux penchent pour attribuer la chute de la pièce à une cabale sans doute orchestrée par Crébillon. Mais la modernité et l’inventivité de la pièce ont sans doute été mal perçues à l’époque. La saison dernière, le musée du Louvre m’ayant proposé de diriger un cycle de lectures d’œuvres peu connues du XVIIIe siècle, j’y programmai, entre autres, Le Petit-Maître corrigé. Ces lectures, à l’Auditorium du Louvre et au Louvre-Lens, furent des moments privilégiés pour le public et pour les acteurs, et confirmèrent mon intuition sur les qualités dramatiques de la pièce et son écho sur le public contemporain.
Brève histoire des petits-maîtres
La figure du petit-maître est récurrente dans le théâtre du XVIIIe siècle et remonte au XVIe siècle, et précisément aux mignons de la cour d’Henri III. À l’époque, c’est une dénomination affectueuse courante entre jeunes hommes galants et guerriers. Au XVIIe siècle et en particulier pendant la Fronde, on retrouve les petits-maîtres dans l’entourage du prince de Condé. Un peu plus tard dans le siècle, on a connaissance d’une société secrète de petits-maîtres, aux statuts parodiant ceux de l’ordre de Malte, fondée vers 1683-1684 par de jeunes seigneurs, dont le duc de Gramont.
Son objet, fort explicite, imposait le vœu de chasteté à l’égard des femmes, et déclarait que si un membre était contraint de se marier, il serait obligé de déclarer que ce n’était que pour le bien de ses affaires, ou parce que ses parents l’y obligeaient, ou parce qu’il fallait laisser un héritier et ferait le serment de ne jamais aimer sa femme.
Cette société fut vite dénoncée au roi, et dissoute. Les petits-maîtres des XVIe et XVIIe siècles sont donc de jeunes seigneurs guerriers aux amitiés masculines très fortes, pour ne pas dire homosexuelles, joueurs, buveurs, bretteurs, et méprisants à l’égard des femmes. Au XVIIIe siècle, ils perdent progressivement leurs attributs guerriers pour devenir précieux et ridicules, vains, sans but.
Toute une littérature satirique leur est consacrée, et c’est ce thème qui, en apparence, est repris par Marivaux. Mais le personnage de Rosimond n’est pas un petit-maître tel que le public de l’époque est habitué à les voir caricaturés au théâtre, et la pièce n’entre pas non plus dans tous les canons de la comédie, ce qui pourrait expliquer la déconvenue de la première.
Thérapeutique du sentiment
Rosimond, dans la lignée de la psychologie matérialiste de Diderot, est un jeune homme complexe et touchant, dont les ridicules n’empêchent pas le charme. Je n’ai réellement saisi toute la profondeur et les potentialités de la pièce qu’après avoir lu Les Égarements du cœur et de l’esprit de Crébillon fils, œuvre contemporaine, puisqu’elle date de 1735.
Les Égarements du cœur et de l’esprit narrent les débuts dans le monde d’un jeune apprenti petit-maître, Meilcour, qui ressemble beaucoup à Rosimond. Fils unique choyé par sa mère, orphelin de père, il est en commerce de cœur avec une femme plus âgée, Mme de Lursay, comme Rosimond l’est avec Dorimène, et s’éprend d’une jeune fille qui porte le même prénom que celle de la pièce de Marivaux, Hortense.
C’est bien dans la littérature romanesque du XVIIIe qu’il faut aller puiser pour appréhender la richesse psychologique et psychanalytique du petit-maître corrigé, chez Crébillon, chez Marivaux lui-même, chez Vivant Denon, chez Laclos, et aussi dans toute la littérature libertine que la psychanalyse se réappropriera par la suite, car Le petit-maître corrigé est une pièce résolument psychologique, n’en déplaise à certains tenants du théâtre post-dramatique soi-disant hostiles à la psychologie sur un plateau.
Comment faire du théâtre sans psychologie ? Et l’objet même du théâtre n’est-il pas, d’abord, psychologique ? Curieusement, c’est seulement après La Dispute montée par Patrice Chéreau en 1973, que la mise en scène a abordé une lecture psychanalytique de Marivaux, presque trop tard. Le petit-maître corrigé se prête aisément à celle-ci. Le rapport entre Rosimond et sa mère est celui d’un adolescent trop tôt privé de père, et qui n’a pas réglé ses comptes avec son Œdipe. Le cœur de la pièce, ce qui meut l’action, n’est finalement qu’un acte manqué, dans la plus pure acception freudienne une lettre perdue.
Enfin, la relation entre Rosimond et Dorante puise aux origines des petits-maîtres, dans ces rapports troubles entre hommes qui frôlent l’homosexualité. Dorante, comme le Lélio de La Fausse Suivante, est un personnage aussi complexe que celui de Versac, parangon des petits-maîtres dans Les Égarements du cœur et de l’esprit. Marivaux aborde d’ordinaire ces questions au théâtre grâce au travestissement et au trouble qu’il génère.
Le petit-maître corrigé nous met face au travestissement interne de Rosimond, égaré par le déni de ses propres sentiments. Marivaux pose ici la question de la nécessité de l’aveu amoureux. Avouer son amour est-il nécessaire pour que l’amour existe ? Au cœur de l’épreuve à laquelle Hortense soumet Rosimond, règne la notion de sentiment, vecteur entre le corps et l’esprit, qui irrigue toute la pensée du XVIIIe siècle.
Provinciaux et gens du bel air
Le petit-maître corrigé joint à une étude psychologique très fine une analyse sociologique précise. À l’exception des deux serviteurs Marton et Frontin, les autres personnages sont des aristocrates titrés, de statut social et de fortune équivalents. Les motivations des protagonistes sont donc désintéressées, et les différences sociales étudiées internes à l’aristocratie celle entre Paris et la province, et celle entre gens du bel air et gens normaux.
Dorimène est la quintessence du milieu parisien. Le Comte n’ignore rien des habitudes de la capitale, comme s’il y avait vécu un temps, mais semble très heureux à la campagne avec sa fille. Il jouit d’un rapport à la nature qui contraste avec la vie de salon. Contrairement aux parisiens qui sont en exil à la campagne, le Comte et Hortense ne s’y ennuient jamais. Le bonheur ne consiste pas dans une modification passagère de l’âme, disait Rousseau, mais dans un sentiment permanent.
Le père et sa fille vivent dans cette plénitude presque contemplative du rapport à l’autre et à la nature, impossible à appréhender pour les nouveaux venus de la capitale. En revanche, Parisiens comme Provinciaux sont prisonniers de leurs stéréotypes sociaux. Pour Rosimond, Dorimène et Dorante, Hortense n’est qu’une petite provinciale, une jeune fille un peu gourde mais charmante. Pour Hortense et Marton, les trois Parisiens sont des gens du bel air, prétentieux, mondains, ampoulés, et incapables d’un mouvement spontané.
La force du préjugé social est telle qu’elle empêche de voir l’autre comme un être humain. Seul le désir, éveillé, va, en s’affirmant, vaincre les stéréotypes et permettre un vrai accès à l’autre.
Une grande pièce du XIIIème siècle
Très tôt dans le travail, j’ai pressenti que la pièce devait être montée dans une esthétique du XVIIIe siècle. Comme elle a été très peu jouée, il ne semblait pas juste de la transposer à notre époque. Il était nécessaire d’abord de la réintégrer au grand répertoire du XVIIIe. Il m’était aussi fondamental de situer l’action à la campagne, en plein air. Être dehors modifie les corps et la parole. On ne confie pas de la même façon son amour en plein air et dans un endroit clos.
L’inspiration pour inventer ce décor nous est venue des œuvres d’Hubert Robert, peintre d’architecture qui peint souvent des édifices imposants, remplissant presque toute la toile, avec de petits personnages perdus dans un coin. Cette tension entre intimité des dialogues et ouverture de l’espace est féconde pour le jeu. Avec Éric Ruf, nous ne nous sommes donc attachés qu’à la première partie de la didascalie liminaire « La scène est à la campagne », en choisissant d’oublier « dans la maison du Comte ». Dans ce champ à moitié fauché, espace brut et difficile d’accès surtout en costumes d’époque, éloigné de la maison, Hortense vient s’isoler pour se livrer à sa passion, le dessin et la peinture.
C’est une fin de mois d’août, dans la torpeur propre à la campagne. Pour les Parisiens, le terrain est particulièrement inconfortable et l’atmosphère d’un ennui mortel tandis que les provinciaux jouissent de la douceur de l’air et de la lumière particulière de cette fin d’été. Pour les spectateurs autant que pour les personnages, ce lieu est une hétérotopie un espace autre, totalement différent, mais qui n’est pas non plus une utopie puisque des choses y ont vraiment lieu. Dans cet espace différent, le temps est aussi autre, suspendu dans une sorte de langueur chaude, agréable, mais où l’ennui n’est pas loin.
Si le décor s’inspire très librement d’Hubert Robert, Chardin et Greuze sont la référence pour les costumes. Entre le costume du Comte et celui de Rosimond, dont certains éléments datent du Directoire, les costumes de Caroline de Vivaise racontent tout le XVIIIe siècle. Outre cette liberté temporelle très vivante, nous avons tenu à ce que ces costumes d’époque soient à la fois d’une sensualité troublante, dessinent les différences de rapports sociaux, et surtout permettent un rapport au corps très contemporain dans le jeu.
Quand une pièce est aussi peu connue que Le Petit-Maître corrigé, on doit d’abord la faire entendre pleinement pour ce qu’elle est, une grande pièce du XVIIIe siècle. J’ai d’ailleurs été surpris d’être aussi ému le premier jour des répétitions. Davantage encore que pour Le Misanthrope. La pièce de Molière aurait aisément survécu à un mauvais spectacle. Elle aurait été rejouée de toute façon. Il n’en est pas de même pour Le Petit-Maître corrigé.
Mon émotion sourd de la conscience de cette responsabilité toute particulière de porter à la scène un classique presque inédit. L’enjeu est là, faire entendre une nouvelle pièce, pourtant vieille de deux siècles, dans une esthétique de son temps, mais jouée pleinement pour aujourd’hui. Alors on touchera peut-être à l’éternité du théâtre, dans l’éphémère de ses formes.
Clément Hervieu-Léger
L’ennui a ceci de commun avec le désir amoureux qu’il semble échapper à toute définition précise comme à toute explication univoque. L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert le définit comme une espèce de déplaisir qu’on se saurait définir. Ce n’est ni chagrin, ni tristesse c’est une privation de tout plaisir, causée par je ne sais quoi dans nos organes ou dans les objets du dehors, qui, au lieu d’occuper notre âme, produit un malaise ou dégoût, auquel on ne peut s’accoutumer.
Le je ne sais quoi qui rend compte, sans vraiment l’expliquer, de l’inclination amoureuse est encore mobilisé pour décrire la perte du goût et la fadeur de la vie. On ne sait si c’est l’individu qui laisse échapper le sens des couleurs et des saveurs ou si c’est leur effacement réel qui contamine l’individu. On peut ainsi interroger les traités et les fictions du XVIIIe siècle qui analysent et décrivent la langueur, le sentiment du vide. Mais les témoignages réels des correspondances, sans pour autant ignorer ce qui entre de littérature dans la lettre la plus spontanée, rendent sensibles des expériences d’ennui qui ont ravagé certaines vies.
La correspondance de Mme du Deffand donne à lire la souffrance de celle que la mondanité et l’amour n’ont pas suffi à occuper. La naissance, la fortune ni l’esprit n’ont fait défaut à cette contemporaine de Montesquieu et de Voltaire. Elle a su séduire et continue à charmer par la parole et le style quand elle estime passée la saison des liaisons. Toute l’Europe défile dans son salon ou lui écrit. Sans foi religieuse ni philosophique, dénuée de toute illusion sur les êtres et les choses, elle confie à ses correspondants le mal qui la ronge à d’Alembert qui va la trahir pour Mlle de Lespinasse, à Voltaire, son vieux complice, à Horace Walpole dont le flegme britannique fait une dernière fois craquer son cœur, elle ressasse sa douleur « L’ennui, c’est un mal dont on ne peut se délivrer, c’est une maladie de l’âme dont nous afflige la nature en nous donnant l’existence ; c’est le ver solitaire qui absorbe tout, et qui fait que rien ne nous profite. »
L’image l’obsède « Ce qui s’oppose à mon bonheur, c’est un ennui qui ressemble au ver solitaire qui consomme tout ce qui pourrait me rendre heureuse. » On peut toujours chercher une cause immédiate, une saignée qui fatigue, le temps qui oppresse, la cécité qui oblige à recourir à une lectrice, la solitude qui s’installe avec l’âge, mais le mal est plus profond, radical. « Je m’ennuie... Je ne trouve en moi que le néant. » « On serait bien heureux si on pouvait s’abandonner soi-même comme on peut abandonner les autres ; mais on est forcément avec soi, et fort peu d’accord avec soi. » Ce n’est plus un bonheur trop géométrique qui ennuie, c’est l’ennui qui ruine tout espoir de bonheur, qui décolore toute satisfaction en perspective. Le moteur de l’activité humaine s’est changé en machine infernale à torturer l’individu. L’ ennui est devenu pathologique. Selon la typologie des maladies de l’âme établie par Robert Mauzi, il s’aigrit en vapeurs, se fige en mélancolie ou en spleen, pour parler la langue du temps. Il se crispe en névrose, pour employer notre vocabulaire. L’ être est désaccordé d’avec le monde, d’avec lui-même.
Toute activité perd son sens, toute sensation perd sa saveur. Voltaire et Rousseau font, pour une fois, le même constat existentiel. Dans le Poème sur la loi naturelle, Voltaire présente encore le cœur de l’homme comme brûlé de désirs ou glacé par l’ennui. Et dans sa correspondance personnelle, il propose en son nom propre : « Vivons tant que nous pourrons, mais la vie n’est que de l’ennui, ou de la crème fouettée. » S’étonnera-t-on qu’il réponde aux récriminations de Mme du Deffand. « Vous me mandez que vous vous ennuyez, et moi je vous réponds que j’enrage. Voilà les deux pivots de la vie, de l’insipidité ou du vide ? » Le dilemme est bien posé, dont les hommes des Lumières formulent les variantes. « Ou l’on bâille ou l’on est ivre », remarque Diderot dans Le Rêve de d’Alembert, tandis qu’un personnage de Sénac de Meilhan développe « Deux penchants opposés attirent l’homme en sens contraire ; l’horreur de l’ennui et l’amour du repos : le grand art est d’échapper à l’un sans troubler trop violemment l’autre, de trouver un état mitoyen entre la léthargie et la convulsion. » L’Émigré.
Épris de vie sociale et attentifs aux frémissements de leur moi, les hommes et les femmes du XVIIIe siècle auraient aimé ne voir dans l’ennui qu’un repoussoir, un passage à vide qui serve à mieux repartir. Mais ils prennent conscience de la complexité de l’être humain. Le double besoin de mouvement et de repos impose un changement permanent de rythme, entre le Charybde de l’ennui et le Scylla de l’inquiétude. S’ils ne disposent pas encore de nos modernes antidépresseurs et anxiolytiques ou autres stimulants et calmants chimiques, du moins apprennentils à doser les charmes contrastés de la dissipation et de l’égotisme.
J'ai été sidérée et transportée par ma première vision de la capture cinématographique de la pièce. Personnellement j'ai vu dans le décor un versant de dune, et je vais continuer. J'ai d'abord tout pris au premier degré : j'ai été passionnée et bouleversée comme quand une œuvre me capturait enfant, alors même que je suis devenue une bonne vieille littéraire bien classique et professeur de lettres, une habituée de l'analyse. Pourtant c'est à peine si j'arrivais à penser et admettre qu'il y avait un travail de metteur en scène et d'acteurs derrière les battements de cœur de cette vie extraordinaire vécue plus fort. J'ai revu la pièce dès le lendemain, m'étant amourachée de Rosimond (pas de Loïc Corbery, j'ai vérifié ; qui n'en semble pas moins un homme charmant et excellent acteur). Depuis j'ai récupéré et lu le texte, et prévois de la revoir aujourd'hui pour jouir encore de déguster dans tous les détails comment chaque réplique à été conçue et interprétée. Monsieur Clément Hervieu-Léger j'ai eu grand plaisir aussi à lire le texte d'analyse que vous avez publié sur cette page. C'est sans doute le travail d'acteur qui me ravit le moins chez vous, mais il faut dire que le rôle de Dorante n'est pas pour mettre en valeur vos possibilités dans ce domaine, je pense. Recevez une dernière fois l'expression de mon admiration transportée pour votre humanité, votre intelligence et votre talent, et veuillez transmettre à tous les membres de votre troupe celle de mon émerveillement et de ma reconnaissance.
une mise en scène qui me rappelle celle que l'on attendrait d'un comique actuel. Les acteurs semblent beaucoup être influencés par le ton et les mimiques des one man show. Comme si on avait voulu mettre la pièce au gout du jour. Cette manière de faire distille la tension qui aurait dû monter sans cesse jusqu'à son terme. Cette permanente loufoquerie nuit à la retenue qui fait le propre de cette pièce par ailleurs pas extraordinaire car elle a a tant de longueurs... enfin, c'est mon opinion, je ne demande à personne d'autre de la partager. La musique elle aussi était affligeante de bonhomie bourgeoise. Quand aux décors, bon, j'aimais plutot la petite colline, mais les toiles de fond sont loin d'être originales. Il me semble que l'on a, de manière générale, été dans la facilité. Je pense que les acteurs, sans doute excellents, auraient gagnés à être dirigés d'une manière à la fois plus intelligente et plus originale. Ça ne m'a inspiré que de l'ennui et du découragement. Merci tout de même pour les efforts que j'imagine, importants.
superbe piece, acteurs eblouissants de talents,plus particulièrement à Adeline D'hermy et Christophe Montenez. la retransmission au cinéma n'enleve que l'ambiance des ovations. exellent moment pour les spectateurs de province. AT
Vue au cinéma chez Pathé Live le 8 mars, en direct de la Comédie Française. Les gros plans sur le visage des acteurs font ressortir davantage la qualité exceptionnelle du jeu des acteurs, particulièrement la scène du mensonge de Frantin devant le Comte et la Marquise, et la scène finale qui est la conversion de Rosimond. Les autres acteurs sont tous très bons. La langue du 18ème est magnifiquement interprétée et se déguste toujours avec gourmandise. Bref, c’est un régal. Profitez du cinéma !
Pour 39 Notes
J'ai été sidérée et transportée par ma première vision de la capture cinématographique de la pièce. Personnellement j'ai vu dans le décor un versant de dune, et je vais continuer. J'ai d'abord tout pris au premier degré : j'ai été passionnée et bouleversée comme quand une œuvre me capturait enfant, alors même que je suis devenue une bonne vieille littéraire bien classique et professeur de lettres, une habituée de l'analyse. Pourtant c'est à peine si j'arrivais à penser et admettre qu'il y avait un travail de metteur en scène et d'acteurs derrière les battements de cœur de cette vie extraordinaire vécue plus fort. J'ai revu la pièce dès le lendemain, m'étant amourachée de Rosimond (pas de Loïc Corbery, j'ai vérifié ; qui n'en semble pas moins un homme charmant et excellent acteur). Depuis j'ai récupéré et lu le texte, et prévois de la revoir aujourd'hui pour jouir encore de déguster dans tous les détails comment chaque réplique à été conçue et interprétée. Monsieur Clément Hervieu-Léger j'ai eu grand plaisir aussi à lire le texte d'analyse que vous avez publié sur cette page. C'est sans doute le travail d'acteur qui me ravit le moins chez vous, mais il faut dire que le rôle de Dorante n'est pas pour mettre en valeur vos possibilités dans ce domaine, je pense. Recevez une dernière fois l'expression de mon admiration transportée pour votre humanité, votre intelligence et votre talent, et veuillez transmettre à tous les membres de votre troupe celle de mon émerveillement et de ma reconnaissance.
une mise en scène qui me rappelle celle que l'on attendrait d'un comique actuel. Les acteurs semblent beaucoup être influencés par le ton et les mimiques des one man show. Comme si on avait voulu mettre la pièce au gout du jour. Cette manière de faire distille la tension qui aurait dû monter sans cesse jusqu'à son terme. Cette permanente loufoquerie nuit à la retenue qui fait le propre de cette pièce par ailleurs pas extraordinaire car elle a a tant de longueurs... enfin, c'est mon opinion, je ne demande à personne d'autre de la partager. La musique elle aussi était affligeante de bonhomie bourgeoise. Quand aux décors, bon, j'aimais plutot la petite colline, mais les toiles de fond sont loin d'être originales. Il me semble que l'on a, de manière générale, été dans la facilité. Je pense que les acteurs, sans doute excellents, auraient gagnés à être dirigés d'une manière à la fois plus intelligente et plus originale. Ça ne m'a inspiré que de l'ennui et du découragement. Merci tout de même pour les efforts que j'imagine, importants.
superbe piece, acteurs eblouissants de talents,plus particulièrement à Adeline D'hermy et Christophe Montenez. la retransmission au cinéma n'enleve que l'ambiance des ovations. exellent moment pour les spectateurs de province. AT
Vue au cinéma chez Pathé Live le 8 mars, en direct de la Comédie Française. Les gros plans sur le visage des acteurs font ressortir davantage la qualité exceptionnelle du jeu des acteurs, particulièrement la scène du mensonge de Frantin devant le Comte et la Marquise, et la scène finale qui est la conversion de Rosimond. Les autres acteurs sont tous très bons. La langue du 18ème est magnifiquement interprétée et se déguste toujours avec gourmandise. Bref, c’est un régal. Profitez du cinéma !
Dans un décor carte postale fin d'été, les jeux de la jalousie et des faux hasards, de la province et de Paris, des enfants que les parents veulent marier et découvrent les pièges des sentiments Une belle troupe, une mise en scèneenlevée Merci pour ce beau moment de théâtre
Nous nous sommes régalés de la vivacité de cette pièce dont le jeu des acteurs est pleinement mis en valeur par la sobriété du décors. Quel délice que d'entendre notre belle langue française et son passé simple aujourd'hui presque oublié magnée ici avec tant d'aisance. Marivaux n'aurait pas rougi de la mise en scène et de son interprétation.
Le jeu des acteurs était loin d'être à la hauteur sauf pour Dominique Blanc et Didier Sandre, il n'y a pas photo, dommage qu'ils n'aient eu qu'un rôle moyennement visible. La plupart des acteurs criaient pour se faire entendre de la salle en en perdant leur écolution. Surtout Loïc Corbery qui tente de prendre un accent à mi-chemin entre le bourgeois hautain et l'anglosaxon, c'était très pertrubant et cela faussait son interprétation. Certains gestes des comédiens étaient même déplacés et ambigus. Seule la décoration et le lieux étaient immersifs. Nous avons été déçus de l'ensemble qui n'était pas à la hauteur de la comédie française.
Bien aimé
J'ai beaucoup aimé cette pièce: il est vrai que le décor surprenant et bien reproduit (des dunes en bord de mer) y est pour beaucoup. J'ai eu parfois du mal a entendre certains acteurs, mais dans l'ensemble très belle pièce. Je ne me suis pas ennuyée.
Excellent. Nous avons adoré. Les acteurs sont remarquables, le décor original, et les dialogues drôles et émouvants. Du grand théâtre.
J'ai rarement vu un jeu aussi spatial ce qui m'est pourtant apparu lors de cette pièce comme idéal pour Marivaux, enrichissant de beaucoup la diction délicieuse des acteurs. La mise en scène était également ingénieuse belle et participait au dialogue, en tout cas avait une place principale dans le déroulement de l'intrigue. Je n'avais jamais vu cette pièce, elle m'a fait redécouvrir Marivaux, c'était un moment vraiment très réjouissant
Certes ce n'est pas la meilleure pièce de Marivaux, mais le jeu des acteurs la rend drôle et révèle quelques perles du texte. Quand certains acteurs ne jouent pas face au public, on a du mal à bien les comprendre, mais tout cela est un détail qui ne gâche en rien ce bon moment. On regrettera seulement ce décor montant et descendant qui parfois s'efface en faveur de la machinerie nous privant alors du côté très pictural (Manet) des tableaux.
très beau décor, un peu trop de va et vient qui finissent par donner le tournis, bon jeu des acteurs même si ce texte de Marivaux ne crée pas de surprise..
Dommage que les acteurs parlent trop vite et n'articulent pas assez. Le décor a peut-être empêché la résonance qu'il aurait fallu a cette pièce : des paroles fortes, formulées avec conviction et toute la sensibilité qui sied bien à cette pièce. Bravo à toutes l'équipe pour avoir porté cette pièce tombée dans les oubliettes. J'ai trouvé par moment des longueurs. Mon personnage préféré fut Rosimond : à la fois attachant et "tète à claque".
Excellente pièce ! Nos ados et nous-mêmes avons adoré ! Le jeu des acteurs est parfait, le décor superbe. Cette pièce mérite d'être enfin à nouveau produite...
Place Colette 75001 Paris