Il est des titres dont la seule évocation suffit à plonger dans un état mêlé de fascination, d’excitation et d’appréhension. Au cœur de cette adaptation d’environ 7 heures et dans le souvenir de Peer Gynt qu’Éric Ruf avait monté en 2012, la joie sera le guide pour cette immense pièce de troupe.
Œuvre monumentale de la littérature, du théâtre et pour le public, écrite de 1918 à 1923, Le Soulier de satin n’est créé qu’en 1943, à la Comédie-Française, par Jean-Louis Barrault qui déploie alors tous les efforts et affronte tous les risques pour obtenir l’autorisation de Claudel et la faire jouer en pleine occupation allemande.
Ce « drame d’amour » en forme de traversée de vingt ans, construite en quatre journées, narre l’histoire de Rodrigue et Doña Prouhèze, épouse du gouverneur Don Pélage, à l’époque des conquistadors et des navigations sur des mers plus ou moins connues. « Nous nous sommes attaqués à cette épopée avec humilité et gourmandise, dit Éric Ruf, approchant le secret du poète caché au sein de ces quatre Journées, ou comment Claudel inscrit-il ses amours illicites dans une liturgie aussi savante que personnelle. »
La langue de l’auteur avec laquelle le metteur en scène chemine depuis toujours – sa musicalité et son faste – lui semble avant tout extrêmement concrète. Elle se déploie dans une scénographie s’appuyant sur le rapport historique entre la machinerie de théâtre et la marine à voile, faisant la part belle à ces mots du préambule au Soulier : « Il faut que tout ait l’air provisoire, en marche, bâclé, incohérent, improvisé dans l’enthousiasme ! Avec des réussites, si possible, de temps en temps, car même dans le désordre il faut éviter la monotonie. L’ordre est le plaisir de la raison: mais le désordre est le délice de l’imagination. ». Au cœur de cette adaptation d’environ 7 heures et dans le souvenir de Peer Gynt qu’Éric Ruf avait monté en 2012, la joie sera le guide pour cette immense pièce de troupe.
Place Colette 75001 Paris