Jean Bellorini confie à Valère Novarina la réécriture du mythe d’Orphée. Le Jeu des ombres sera une plongée joyeuse dans une langue exubérante, en dialogue avec les grands thèmes musicaux de L’Orfeo de Claudio Monteverdi.
Jean Bellorini confie à Valère Novarina la réécriture du mythe d’Orphée. Dans un monde en cendres, une communauté d’âmes en peine cherche à réanimer le langage et à réenchanter l’espace… À la consumation du langage, répond l’éclat du verbe qui s’allume. À la descente progressive aux enfers, répond la joie d’être au monde.
En écho lointain au mythe d’Orphée, Le Jeu des ombres sera une plongée joyeuse dans une langue exubérante, en dialogue avec les grands thèmes musicaux de L’Orfeo de Claudio Monteverdi.
Alors que bergers et nymphes chantent l’amour d’Orphée et Eurydice, Orphée prie le soleil de bénir son couple. Tout entier à son bonheur, il chante pour les arbres, les Dieux, et par la magie de ses vers, parvient même à émouvoir les pierres. Soudain, la Messagère vient annoncer à l’assemblée horrifiée la mort subite d’Eurydice, mordue par un serpent. Brisé, Orphée décide de rejoindre son amour au royaume des morts. Guidé prudemment par l’Espérance, il parvient aux Enfers. Là, il doit franchir le Styx, que Charon lui interdit, malgré ses chants envoûtants. Mais Orphée déjoue les pièges... et passe. Pour récompenser sa témérité, Pluton décide de lui rendre Eurydice, à condition toutefois qu’il ne se retourne pas vers elle lors de son retour sur terre. Les retrouvailles d’Orphée et Eurydice sont de courte durée, car sitôt leur voyage entamé, Orphée succombe à la tentation et regarde son Eurydice – perdue à tout jamais. Accablé, il choisit de renoncer à l’amour, avant que son père, le Dieu Apollon, ne le mène au ciel, d’où il pourra admirer pour l’éternité sa chère Eurydice.
Beaucoup de gens très intelligents aujourd’hui, très informés, qui éclairent le lecteur, lui disent où il faut aller, où va le progrès, ce qu’il faut penser, où poser les pieds ; je me vois plutôt comme celui qui lui bande les yeux, comme celui qui a été doué d’ignorance et qui voudrait l’offrir à ceux qui en savent trop.
Un porteur d’ombre, un montreur d’ombre pour ceux qui trouvent la scène trop éclairée : quelqu’un qui a été doué d’un manque, quelqu’un qui a reçu quelque chose en moins.
Je continue, je quitte ma langue, je passe aux actes, je chante tout, j’émets sans cesse des figures humaines, je dessine le temps, je chante en silence, je danse sans bouger, je ne sais pas où je vais, mais j’y vais très méthodiquement, très calmement : pas du tout en théoricien éclairé mais en écrivain pratiquant, en m’appuyant sur une méthode, un acquis moral, un endurcissement, en partant des exercices et non de la technique ou des procédés, en menant les exercices jusqu’à l’épuisement : crises organisées, dépenses calculées, peinture dans le temps, écriture sans fin.
Tout ça, toutes ces épreuves, pour m’épuiser, pour me tuer, pour mettre au travail autre chose que moi, pour aller au-delà de mes propres forces, au-delà de mon souffle, jusqu’à ce que la chose parte toute seule, sans intention, continue toute seule, jusqu’à ce que ce ne soit plus moi qui dessine, écrive, parle, peigne.
Valère Novarina
37 bis, bd de la Chapelle 75010 Paris