Jérôme Antonin-Faure, grand patron de l'industrie française, et sa famille, vivent de plein fouet la crise financière de 1929. Comment éviter que « les Lyonnais » deviennent majoritaires au conseil d'administration, rachètent l'entreprise et du même coup ruinent la fortune familiale ? C'est au sein même de la dynastie que Jérôme finira par trouver le salut grâce à un troc cynique, admis par tous. Comédie réaliste qui se développe à la manière d’un feuilleton, Les Temps difficiles brossent un portrait amer et impitoyable de la bourgeoisie industrielle, et invitent le public à s’en amuser tout en prenant conscience des travers de son époque.
La pièce est publiée à L’avant-scène théâtre, collection des quatre-vents, 2004.
L’intrigue des Temps difficiles peut évoquer, dans la longue liste des personnages sacrifiés, l’Iphigénie de Racine. Mais on pourrait prolonger le rapprochement avec le théâtre classique français : le danger, omniprésent dans la comédie d’Édouard Bourdet, n’est jamais montré ni incarné sur le plateau.
Tout se joue hors champ, ce qui place les personnages des Temps difficiles dans une espèce de boîte agitée de l’extérieur. Ils sont ballottés tels des insectes dans le panier de l’entomologiste… Ces mouvements violents provoquent chez tous les personnages des soubresauts qui ressemblent à des séismes. Et pourtant, entre deux secousses, ils continuent de s’aveugler et de rire de leur propre frivolité, de s’agiter dans un monde qui n’a déjà plus beaucoup de sens.
« Il faut toujours se méfier du romanesque », dit un personnage des Temps difficiles dans un éclair de lucidité, mais cette sentence pourrait aussi bien être le mot d’ordre d’Édouard Bourdet lui-même pour la composition de sa pièce. Écrite à la pointe sèche du scepticisme, elle donne à rire aux éclats du pire. C’est toujours une bonne recette théâtrale.
Jean-Claude Berutti, Septembre 2006
« Voir une partie du gratin Français interpréter des personnages qui sous des civilités d’une autre époque, se révèlent d’un cynisme à toute épreuve ou d’une classe inattendue, est un plaisir dont il ne faut pas se priver. » Fabienne Pascaud, Télérama
« Du boulevard qui ne recule pas devant l’invraisemblance mais qui n’hésite pas non plus à verser dans l’ironie mordante pour ridiculiser cette grande bourgeoisie prête à tout pour survivre. L’intelligence et la finesse de la mise en scène de Jean-Claude Berutti consistent justement à ne pas aller vers le ridicule. Tout se déroule simplement et les comédiens-français accompagnent cette vision de la pièce avec un naturel confondant, donnant une absolue vérité aux personnages. » Martine Silber, Le Monde
« C’est terrible. Destructeur. Personne n’est libre, aucun cœur n’est pur (…) La mise en scène est rigoureuse et puissante, les comédiens remarquables. » Armelle Héliot, Le Figaro
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