Une maison de poupée

du 18 septembre au 6 octobre 2018
1h40

Une maison de poupée

C’est l'histoire d'un couple, Nora et Torvald, qui explose en trois actes. Lorraine de Sagazan reprend la pièce un siècle et demi après Ibsen. Où en sommes-nous aujourd’hui de ces paradigmes masculin/féminin ?
  • Où en sommes-nous du modèle masculin/féminin ?

« La vraie femme » est un produit artificiel que la civilisation fabrique. Ses prétendus instincts de coquetterie, de docilité, lui sont insufflés comme à l'homme l'orgueil phallique ; il n'accepte pas toujours sa vocation virile ; elle a de bonnes raisons pour accepter moins docilement encore celle qui lui est assignée. » Écrit Simone de Beauvoir en 1949. Ibsen écrit Une maison de Poupée en 1879.

C’est l'histoire d'un couple, Nora et Torvald, qui explose en trois actes. Monter cette pièce en 2016 permet d’explorer l’intimité de deux êtres qui ne sont jamais partis en quête de leur vérité propre et de repenser le cadre que Nora fait exploser, un siècle et demi après la Nora d'Ibsen. Où en sommes-nous aujourd’hui de ces paradigmes masculin/féminin qui malgré une époque en progression concernant l'égalité des droits, reste violemment héritière d’un profond déséquilibre et d'un malaise socio-culturel latent ?

Librement inspiré de la pièce d'Henrik Ibsen.

  • La presse

« Comme d’autres de ses pairs, Lorraine de Sagazan n’est pas là pour jouer les virtuoses ou parfaire le « bagage » du spectateur, mais pour agiter, troubler ce dernier. Elle préfère l’inconfort au confort, l’inconnu du risque à l’assurance du prévisible. » Jean Pierre Thibaudat, Blog Médiapart, octobre 2016

« Ce renversement des perspectives, plus en phase avec les réalités du XXIe siècle, ouvre les focales. Il est, de plus, mené par d’excellents comédiens qui font de la scène un champ de bataille sensuel et menaçant. Sensations fortes garanties. » Joëlle Gayot, Télérama TT

  • Note d'intention

Maison de Poupée, dans sa version originale, illustre bien le contraste entre la morale de la sphère domestique privée - qu'on attache traditionnellement au sexe féminin et qui se centre sur les notions de responsabilité et de soin - et la morale dite masculine de la sphère publique, orientée par les principes du devoir et de la justice.

Les personnages Nora et son mari Torvald incarnent ces deux conceptions morales. Il s'agit d'un homme et d'une femme dans leur rôle d'homme et de femme européens du XIXème .

Ce qui m'intéresse en montant cette pièce aujourd'hui c'est où nous en sommes de ces paradigmes en 2015.

Evidemment nous sommes encore loin de pouvoir parler d'une égalité ; les progrès sont trop souvent menacés, les lois visant une parité contestées et remises sans cesse en question mais le XXème siècle en Europe a permis grâce au combat de certains hommes et surtout de certaines femmes, une véritable évolution. L'image de notre société s'est modifiée. Aujourd'hui les femmes votent, font des études de plus en plus conséquentes, accèdent à des postes de plus en plus importants, certaines gagnent plus d'argent que les hommes qui partagent leur vie. De l'autre côté, les hommes ne sont plus les seuls à entretenir financièrement leur foyer et ont par exemple la possibilité de prendre un congé parental d'éducation pour s'occuper chez eux de leurs enfants.

Nous semblons aller vers une égalité des droits et une possibilité de choix de vie plus libres.

Pourtant Maison de poupée résonne encore puissamment aujourd'hui parce que la difficulté à exister, en tant qu'homme, en tant que couple et surtout encore en tant que femme est toujours brûlante.

Même si les codes se sont transformés et que les inégalités semblent s'atténuer, la violence est latente et le conditionnement social, culturel et psychologique menace nos identités et notre liberté à exister. Les rapports de domination sont dissimulés, nous n'arrivons toujours pas à nous en départir. Même dans des milieux plutôt progressistes, le carcan religieux et politique s'est transformé en carcan psychologique et social.

A la fin de la pièce originale, Nora s'en va. Elle quitte son mari et ses enfants. A cause de cette fin jugée totalement scandaleuse un peu partout en Europe, on demanda à Ibsen l'autorisation de changer la pièce et de faire en sorte que Nora renonce à partir. Ce départ avait fait scandale à l'époque parce qu'une femme ne pouvait décemment pas emprunter de l'argent dans le dos de son mari, lui manifester une telle opposition et aller jusqu'à l'affront absolu de le quitter. Mais aujourd'hui ce n'est plus aussi scandaleux. L'émancipation d'une femme comme la Nora d'Ibsen, si dominée, si soumise semblerait évident de nos jours. En 2015, cette image féminine me dérangeait. Je la trouvais dépassée, allant même à contresens de ce que je voulais raconter puisque cette situation la faisait passer pour une ravissante idiote, face à un mari tortionnaire ou stupide. Le propos, ainsi me semblait très réduit.

En revanche si l'on parle d’un couple heureux, plutôt moderne et assez instruit, comme le propose Ibsen à son époque, Je crois que c'est beaucoup plus fort et plus pertinent de proposer une Nora qui travaille et un Torvald qui semble à l'aise avec cette idée, une Nora qui gagne plus d'argent, qui en est fière parce qu'elle est passionnée et un Torvald qui s'occupe délibérément de ses enfants avec plaisir et dont l'activité professionnelle principale est de composer des chansons sans désir de gloire. Nora soutient Torvald, Torvald soutient Nora. Ils sont modernes, ils sont heureux, ils font des choix qu'ils pensent pouvoir assumer parfaitement.

Mais leur couple explose. Non pas parce qu'ils ont fait les mauvais choix. Au contraire. Ils auront essayé d'être libres mais la société actuelle ne permet pas encore cette liberté. Les mentalités avancent trop lentement, gangrénées par une menace réactionnaire, conservatrice et misogyne qui rode en permanence. Dans mon adaptation, Nora et Torvald se font dévorer dans leurs certitudes encore fragiles parce qu'il est encore dangereusement difficile aujourd'hui pour une femme d'avoir de l'ambition, d'être puissante, de parler fort, de parler d'argent, d'être drôle, de ne pas prendre le temps de s'arranger le matin, de ne pas être douce ni fragile, de ne pas être complexée. De l'autre côté on reproche facilement à un homme qui manque d'ambition d'être faible, mou, ou quand il est un peu trop sensible on le soupçonne - comme une anomalie - d'être homosexuel. Le manque de brutalité, d'agressivité, autant de choses qui le dégradent dans une soi-disant virilité.

« Nul n'est plus esclave que celui qui se croit libre sans l'être. » Wolfgang Goethe (1749-1832)

Je veux donc grâce à cette adaptation de Maison de Poupée, et en proposant une inversion réécrite des rôles de Nora et Torvald créer de nouveau le choc qu'ont ressenti les spectateurs à l'époque d'Ibsen en parlant de notre société occidentale en 2015 et permettre ainsi une véritable réflexion et remise en question sur notre liberté. Je veux parler de la difficulté pour les êtres d'aujourd'hui à faire des choix qu'ils assumeront pleinement et de l'injustice et de la violence des nouveaux cadres qui nous étouffent toujours. Les débats incroyablement virulents qui sont apparus récemment à propos des études de genre par exemple m'ont profondément interpellée et inspirée à ce sujet.

Le couple doit être libre de s'aimer librement d'un amour libéré. Tant que l'être ne sera pas libre, le couple sera voué à l'échec.

Sélection d’avis du public

Le 29 septembre 2018 à 09h37

Les acteurs parlent comme dans la vie des jeunes, on ne comprend qu'un mot sur 10

Une revisite iconoclaset et moderne d'Ibsen Le 28 septembre 2018 à 11h07

Magnifique spectacle drôle et puissant. Sans rien perdre de l'essence du texte d'Ibsen, la relecture de Lorrain de Sagazan est passionnante. Et les acteurs sont tous parfaits (avec une mention spéciale pour Benjamin Tholozan bouffon désabusé qui se transforme en amoureux bouleversant).

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Le 29 septembre 2018 à 09h37

Les acteurs parlent comme dans la vie des jeunes, on ne comprend qu'un mot sur 10

Une revisite iconoclaset et moderne d'Ibsen Le 28 septembre 2018 à 11h07

Magnifique spectacle drôle et puissant. Sans rien perdre de l'essence du texte d'Ibsen, la relecture de Lorrain de Sagazan est passionnante. Et les acteurs sont tous parfaits (avec une mention spéciale pour Benjamin Tholozan bouffon désabusé qui se transforme en amoureux bouleversant).

Informations pratiques

Théâtre Silvia Monfort

106, rue Brancion 75015 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Restaurant
  • Métro : Porte de Vanves à 417 m
  • Tram : Brancion à 251 m
  • Bus : Morillons - Brancion à 104 m, Brancion - Morillons à 166 m, Fizeau à 186 m, Porte Brancion à 236 m, Vercingétorix - Paturle à 360 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Théâtre Silvia Monfort
106, rue Brancion 75015 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 6 octobre 2018

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Spectacle terminé depuis le samedi 6 octobre 2018